SABRE JAPONAIS KYU GUNTO modèle 1875

Bonjour,

Je ne suis pas un expert en arme Japonaise même si j'ai un minimum de base et de documentation à la maison, néanmoins il arrive parfois que l'on "craque" devant l'élégance, la forme d'une dague ou d'une épée même si ce n'est pas son thème de prédilection et on commence à faire des recherches...Et plus on cherche et plus on finit par apprécier, et potentiellement identifier un nouveau thème de collection...Il serait néanmoins bien que le portefeuille s'adapte aux thèmes de collection et non l'inverse  

Quoiqu'il en soit je vous présente ma rentrée de la semaine un sabre japonais KYU GUNTO, modèle 1875 et qui a été en dotation dans l'armée Japonaise jusqu'en 1934 et même certains officiers ont continués de le garder pendant la seconde guerre mondiale. En effet, le remplaçant du KYU-GUNTO n'est autre que le SHIN-GUNTO type 94 qui renoue résolument avec le Katana et l'esprit des samouraïs.

Tout d'abord un peu de sémantique : En japonais KYU veut dire ancien, GUN veut dire militaire et TO veut dire épée. C'est pourquoi la traduction littérale est "Ancienne Epée Militaire". A contrario le SHIN-GUNTO veut dire Nouvelle Epée Militaire (SHIN voulant dire nouvelle). Il est intéressant de noter que l'ancienne épée militaire (KYU-GUNTO) à moins la forme des sabres Japonais que la nouvelle épée militaire, alors que ceux-ci étaient utilisés dans le Japon depuis des temps bien ancien. On acquiert pas l'expertise des forgerons Japonais en quelques années. Mais je reviendrais dessus un peu plus bas.

L'autre nom donnée à cette épée KYU-GUNTO est l'épée RUSSO-JAPONAISE car elle était portée par les officiers pendant la guerre Russo-Japonaise de 1904. Et non parce que la forme de l'épée aurait une quelconque influence d'origine russe.

Maintenant un peu d'histoire:
L'ère Meiji est une ère de l'histoire du Japon comprise entre 1868 et 1912. Inaugurée par la restauration de Meiji, elle se situe entre l'ère Keiō (fin de l'époque d'Edo) et l'ère Taishō. Elle symbolise la fin de la politique d'isolement volontaire appelée sakoku et le début d'une politique de modernisation du Japon. Elle se caractérise également par un basculement du système féodal vers un système industriel à l'occidentale. Ces bouleversements sociaux, politiques et culturels déboucheront sur diverses avancées dans les domaines de l’industrie, de l’économie, de l’agriculture et en matière d’échanges commerciaux.

Pendant cette période Meiji, suite à l'ouverture du Japon vers l'étranger et plus particulièrement l'occident, on va constater un retour une sorte de rejet pour tout ce qui fait référence aux samouraïs qui avaient combattu pour préserver l'isolement du Japon (je prends un raccourci ici les puristes m'en excuseront). Ainsi la tendance est à la modernisation de l'armée en se basant sur le mode de fonctionnement occidental, et il en est de même pour les armes blanches militaires. Au début les épées sont plutôt d'inspiration française, puis rapidement les Japonais se tournent vers les armes blanches allemandes, notamment en provenance de la fameuse région de Solingen (qui fournira en 1933 les fameuses armes blanches du 3eme Reich). Au début, les armes blanches sont produites directement en Allemagne et envoyées au Japon puis petit à petit les Japonais vont apprendre à faire leurs propres épées tout en gardant les caractéristiques des épées occidentales.

Pour faire simple, et en prenant un raccourci, petit à petit les Japonais vont créer leur propre modèle qui va à la fois combiner certains traits caractéristiques des armes blanches occidentales particulièrement allemandes et reprendre petit à petit les caractéristiques des sabres des samouraïs. Le produit de cette rencontre est le sabre KYU-GUNTO.

En effet, la poignée reprends certaines caractéristiques des sabres prussiens, mais ils réalisent également des poignées plus longues permettant la tenue à deux mains que l'on retrouve sur les sabres japonais, ainsi que la lame japonaise de Katana traditionnelle. Le système de fixation est comme sur celui du Katana, ce qui permettra à certains officiers de reprendre les lames des Katanas qui sont dans la famille depuis plusieurs génération. Et c'est cela que je trouve très intéressant sur cette épée/sabre KYU-GUNTO.

Le SHIN-GUNTO abandonne les ornements occidentaux pour revenir au plus près des sabres japonais traditionnels. L'armée a fait cela pour faire revenir l'esprit guerrier des Samouraïs, la mort plutôt que le déshonneur. Ce qui aura pour effet de créer pendant le seconde guerre mondiale les kamikazes.

Le kamikaze est d'abord un pilote de l'aéronavale ou de l'armée de l'air japonaise qui effectuait une mission-suicide pendant la guerre du Pacifique. L'appellation fut élargie ensuite à d'autres unités de la marine (vedettes, torpilles humaines, etc) ou de l'armée, par exemple pour les détachements antichar.

Place aux photos:

Salut Baikal

Décidément, le doigt est bien dans l'engrenage. Après ta superbe dague de la marine, voilà un sabre non moins élégant. Très intéressant de resituer le contexte de création et d'utilisation de ce beau sabre, on t'en remercie. J'avoue que ce modèle de sabre est loin de me laisser indifférent mais comme tu le dis fort pertinemment, le portefeuille a parfois (souvent) du mal à suivre nos impulsions. Tant pis, en attendant, rêvons sur les sabres que les collègues ont la bonne idée de nous montrer ici. Celui que tu nous présentes est dans un état remarquable de fraicheur et très séduisant avec sa poignée habillée de peau de requin laquée. Ca y est, je suis jaloux! Très cordialement

Bonjour Aubrac,

Merci pour ton message et je suis ravi que ce sabre te plaise. Effectivement la poignée est en peau de requin laquée et le menuki est en corne. Dans la majorité des cas pour ce sabre on retrouvait une poignée blanche en peau de raie (comme sur ma dague de Marine Japonaise) et un menuki en bambou (comme sur les katana). Mais cette variante était aussi rencontrée. Mais j'avoue être sous le charme de la finesse des gravures et du travail minutieux des japonais.

Bien Cordialement