Sabre de Grenadier du 18e de ligne

Bonsoir,

Je partage avec vous ce sabre-briquet que j'apprécie tout particulièrement, un beau briquet que j'attribue au 18e de ligne dont la monture est marquée « 18R.3R.GR.N°.43.» ce qui signifierait : 18e régiment d’infanterie de ligne, 3e bataillon , compagnie de grenadiers, numéro d’arme 43:



Le choix des petites lettres est un peu hasardeux, mais on retrouve la même chose sur un sabre de Voltigeur du même régiment que je connais en collection.
Cette façon des compagnies d'élite de marquer leurs sabres à cet endroit est aussi connue pour le 39e de ligne, je sais qu'un membre du forum en a un un collection, il le montrera s'il le souhaite.
Une étude complète paraitra bientôt dans Études napoléoniennes, le bulletin du Centre d’Études Napoléoniennes.

Le 18e de ligne a fait toutes les campagnes napoléoniennes, sauf l'Espagne (mais il était sur cette frontière pendant les guerres révolutionnaires). On retient notamment la phrase que lui lança le Général Bonaparte pendant la campagne d'Italie: "Brave 18ème, je te connais, l'ennemi ne tient pas devant toi" !

Bien entendu, sur la photo la dragonne et la cravate sont des reproductions cherchant à lui rendre son allure d'antan (et à masquer un peu la rétractation du cuir du fourreau avec le temps).

Je terminerai avec cette planche représentant la tête de colonne de ce régiment avec, en n°1, un grenadier:



Amicalement.

Beau sabre et merci du partage.

Bonsoir
Merci Cathelineau pour ces partages!
Sur la planche 1809*1812 j'imagine qu'ils n'avaient pas de briquets de cette époque... ou bien quelques vieux grenadiers qui avaient gardé leur briquet du temps d'avant.
Stef

Bonsoir,

Heureux de voir ce sabre apprécié !

Ces briquets modèle 1767, et leur version monobloc, restèrent en service aux côtés des An IX et An XI pendant une bonne partie de l'Empire, si ce n'est tout l'Empire.
Et dans cette compagnie de Grenadiers les vétérans ne manquaient pas. Un exemple parmi d'autres dans le registre matricules: le Grenadier Jourdain, mort à Eylau en 1809, faisait campagne depuis 1793, c’était un ancien de la campagne d’Égypte notamment. Martin Sulpice, le porte-aigle en 1808, servait depuis 1792. Le Grenadier Maquaire, qui meurt à l’hôpital de Masbourg en 1810, portait une blessure reçue à Saint-Jean-d'Acre. Le Grenadier Juglard, mort à la Moskowa en 1812, était un ancien de l'Armée d'Italie...
Mais naturellement, ces sabres de ce modèle et régimenté (celui de Voltigeur est du même modèle) sont plutôt révolutionnaires et marqués durant la période Consulat / début Empire (c'est d'ailleurs la période où l'on remarque le plus d'armes régimentées). Ils durent rester en service tant que leurs porteurs étaient dans les rangs.

Au n°4, un grenadier du temps de la 18e demi-brigade:



Entre les deux, en 1806, il y aura l'interlude en uniforme blanc.

Amicalement.

Très jolie présentation d'un sabre au marquage rare....merci!

Belle soirée

merci pour cette trés interessante presentation

Bonjour,

Heureux de voir qu'il reste des amateurs !

Je parlais plus haut de l'uniforme blanc porté dans l'armée française dès 1806 et que le 18e de ligne aurait reçu en 1807, le voici:



Amicalement.

Bonsoir

Comme d’accoutumé une très belle présentation.

Amicalement

Patpat

Merci pour cette très intéressante présentation, Cathelineau.

Cathelineau a écrit:

Ces briquets modèle 1767, et leur version monobloc, restèrent en service aux côtés des An IX et An XI pendant une bonne partie de l'Empire, si ce n'est tout l'Empire.

En tout cas, on a continué à les réparer après la mise en service des briquets an IX et XI : le modèle 1767 figure dans le tarif des réparations publié en l'an XIII, sous l’appellation de sabre d’infanterie « ancien modèle » (Journal militaire du 1er semestre de l’an XIII, p. 271).

Il s’agit bien du briquet de 1767 et non de celui de l’an IX, ce dernier n'ayant pas d'existence officielle : lorsqu’en 1806, le chef de bataillon Cotty énumère les modèles de sabre en usage dans l'armée française antérieurement à l'an XI, le « sabre de grenadier » (1767) fait figure sous sa plume de prédécesseur direct de celui de l’an XI. Plus généralement, aucun document réglementaire publié sous le Consulat ou l’Empire ne fait référence à un quelconque sabre d’infanterie modèle an IX, comme si le modèle arrêté cette année-là n’était qu’une première version du briquet de l’an XI. Voir Herman Cotty, Mémoire sur la fabrication des armes portatives de guerre, Paris, Magimel, 1806, p. 191 sq (sabre de grenadier : p. 196), et l’Instruction sur les armes à feu et armes blanches portatives, à l'usage des troupes françaises du 19 juin 1806, Paris, Magimel, 1806, p. 35. Ce texte, reprenant largement le mémoire de Cotty, est inséré au Journal militaire du 1er semestre 1806 p. 197 sq.

Cordialement

Bonjour Cathelineau, très belle présentation comme toujours, intégrant l'objet et l'histoire. Voici son cousin matriculée .39.2.G.5 pour 39e régiment de ligne, 2e bataillon, compagnie de grenadiers, n° d'arme 5.




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Bonjour,

Merci à vous !

A voici le 39e de ligne qui répond à l'appel !
Pour la période Révolution / Consulat / Empire, je ne connais pas d'autres régiments de ligne qui aient aussi précisément marqués leurs armes (pratique que je pense toutefois réservée aux compagnies d'élite).

La lame est réglementaire, ce qui n'est pas le cas de celle du mien qui est fine et à gouttière. Elle est particulièrement souple, légère et avec un fil bien plus fin que les lames réglementaires:



On est bien là dans une production révolutionnaire hors manufacture d'Etat. Ce qui n'a rien d'étonnant, je trouve en ce moment dans mes recherches sur la production armurière à Clermont-Fd (qui n'est pas connue pour avoir de manufacture d'armes blanches) des commandes de briquets à destination de l'Armée d'Italie...

L'exemplaire de Voltigeur a par contre une lame plate. Ce dernier vient aussi affiner la datation et recouper les informations de Tribunusmilitum puisque les compagnies de Voltigeurs de la Ligne ne furent créées qu'en 1804. Le briquet leur fut théoriquement retiré en octobre 1807 (ce qui ne fut pas forcément suivi d'effet dans l'immédiat). Ces sabres marqués étaient donc encore d'actualité au moins au début de l'Empire.

Amicalement.

Bonjour

Superbe présentation comme vous nous y avez habitué. Si je possède deux modèles de ce briquet l'un typique de 1767 et l'autre souvent appelé "1790" ils n'ont pas de marquage régimentaire mais de fabricants. Le premier cependant (1767) porte C20 au dos de la garde et grenadier plus la grenade sur sa lame ainsi que le marquage de la manufacture royale d'Alsace. (je poserai des photos si vous pensez qu'elle peuvent êtres utiles à votre post)

Pour ce qui est de l'an IX il sont beaucoup trop nombreux pour ne pas avoir été mis en service d'une manière ou d'une autre et ce n'est pas par ce que l'on ne trouve pas de règlement qu'il n'existe pas.

Bonjour,

Vous pouvez bien entendu partager votre briquet marqué.
On trouve en effet un certain nombre de montures de 1767 ainsi marquées réglementairement du numéro d'arme et de la lettre de compagnie. Plus commun que les marquages précisant le régiment, mais plus rares que les briquets vierges de marquages.
Il peut paraitre étonnant à première vue que la compagnie C soit celle des Grenadiers, mais difficile de savoir ce qu'ont magouillé ceux qui ont marqué ces armes. Toutefois une arme à la lame marquée "Grenadier" qui finit en équipant pendant la Révolution un gradé ou un tambour d'une compagnie de Fusiliers, ou qui se retrouve dans une compagnie de Chasseurs ou de Carabiniers, ça ne m'étonnerait pas...

Amicalement.

Gwalchaved, je n'ai jamais dit que le modèle dit "de l'an IX" n'avait jamais été mis en service, mais simplement qu'il n'est pas identifié réglementairement. C'est une appellation de collectionneur. Cotty, qui est tout de même le responsable national des manufactures d'armes, ne le distingue pas du modèle de l'an XI. Ce dernier ne reçoit d'ailleurs sa forme définitive qu'en l'an XIII.

Quant à l'appellation "1790" pour les sabres modèle 1767, elle est totalement fantaisiste. Il serait plus rigoureux de parler de version révolutionnaire du modèle 1767.

Bonjour

c'est pour cela que j'ai mis 1790 entre """" pour signifier que c'est juste une appellation. Mais mle 1767 époque révolution me vas bien, bien que l'on ne sache pas à quelle époque la poignée est devenu monobloc elle l'est peut être devenue à l'époque où l'on a licencié un grosse part e la maison du roi pour faire des économies.

Pour l'An IX peut-être est-il un an XI premier modèle mais la encore on ne la sais pas et pour l'instant le nommer "An IX" entre côtes ma parait une bonne alternative.

Bonjour
Superbe présentation.

JC

Merci messieurs,
J'ai toujours trouvé qu'il était passionant pour un collectionneur de pouvoir rattacher une arme à son régiment...
Stef

Bonsoir & merci à vous !

Stef66 a écrit:

J'ai toujours trouvé qu'il était passionant pour un collectionneur de pouvoir rattacher une arme à son régiment...

Je trouve aussi que c'est un grand plaisir, dont nous sommes souvent privés pour les armes de la période...
A nous collectionneur de repérer ces armes, d'assurer leur préservation et, autant que possible, leur mise en valeur.

Amicalement.

Bonsoir,

Merci de cette très intéressante présentation qui a retenue toute mon attention.

Cordialement,

Bonsoir

Quelle belle leçon d'histoire, avec une pièce ayant faite celle ci...

Bonsoir,

Merci à vous !

Pour compléter, un autre vestige de ce régiment, quelques boutons provenant du champ de bataille de Leipzig 16 – 19 octobre 1813):



Il pourrait être intéressant de les présenter avec le sabre, mais ce n'est pas évident & ça nécessiterait un socle présentoir. Et du coup un emplacement où le poser.
A réfléchir. En attendant il ira peut-être au mur.
J'aurai adoré pouvoir réunir ce sabre et celui de Voltigeur, hélas il n'est pas à vendre pour l'instant.

Amicalement.

Bonjour,

Cathelineau a écrit:

Une étude complète paraitra bientôt dans Études napoléoniennes, le bulletin du Centre d’Études Napoléoniennes.

Comme prévu, l'étude de ce sabre de Grenadier du 18e de ligne, avec son confrère des Voltigeurs, est paru dans le n°49 des Etudes napoléoniennes ( [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] ):













Bonne lecture.

Merci pour les éléments de lecture, très éclairant sur ce sabre et son contexte historique !