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Jules EMILY : médecin corse dans la Mission Marchand 1897-1898
Jules EMILY : médecin corse dans la Mission Marchand 1897-1898 EmptySam 4 Fév 2017 - 22:54 par poddichini
Bonsoir à tous,

après avoir acquis dernièrement de nouveaux documents signés de la main de Jean-Baptiste MARCHAND, illustre militaire dont les expéditions coloniales sont restées célèbres, je me propose de vous faire partager un de mes articles, au sujet d'un Corse, Jules EMILY, qui participa à la célèbre mission Marchand, plus communément appelée Mission Congo-Nil, entre 1897 et 1898, aboutissant à la crise de Fachoda en septembre-novembre 1898. Jules Emily était le médecin de la mission, dont les membres principaux sont visibles sur cette photo, de retour de l'expédition :

Jules EMILY : médecin corse dans la Mission Marchand 1897-1898 Missio10

De gauche à droite, au premier rang, assis : Charles MANGIN, Joseph Marcel GERMAIN, Jean-Baptiste MARCHAND, Albert BARATIER, Jules EMILY
De gauche à droite, au deuxième rang, debouts : le sergent BERNARD, Georges DAT, Ernest Henri VENAIL, Alfred DYE, Pierre Félix FOUQUE.


Voici donc mon article :

« Pouvais-je me douter en partant de Bordeaux le 6 mars 1896 pour aller à Dakar embarquer sur l'aviso « La Méditerranée » que je commençais un long voyage à travers toute l'Afrique peut-être ? En savais-je plus, trois mois après, en prenant passage sur le « Stamboul » m'amenant au Congo avec les Sénégalais qui devaient servir d'escorte à la mission Marchand ? La mission Marchand ! Désigné de France pour en faire partie, je ne connaissais même pas à cette époque, quel était son but précis ni jusqu'où elle devait aller. Mais j'avais été touché et très honoré par le choix qu'avait fait de moi son jeune chef et c'est avec fierté que j'avais accepté de l'accompagner ». Tout est résumé ici dans les mots de Jules Emily, natif d'Olmeto, le 20 mars 1866. Emily a fait ses études de médecine à Bordeaux. A la fin de son cursus, il est nommé médecin de deuxième classe dans la Marine. Attiré très vite par les aventures coloniales, il accompagne Archinard au Soudan français en 1893. C'est donc déjà un baroudeur, attiré par les grands espaces, les terres africaines qui sont l'attrait des Français depuis quelques décennies. Les années 1880-1890 voient une période faste dans la conquête coloniale française sur ce continent : AOF, AEF, des noms qui n'existent pas encore, mais dont les frontières commencent à se dessiner progressivement, sous le labeur difficile de grands conquérants, comme Archinard précisément.
Dans le même temps, le colonel Jean-Baptiste Marchand a conçu l'idée de relier les territoires français en Afrique de l'ouest à l'est, du Moyen Congo jusqu'à Djibouti et la côte française des Somalis. Cette aventure est avant tout présentée comme une expédition à visée scientifique. La mission Marchand n'a pas un caractère militaire très affirmé, encore moins la volonté de barrer la route aux Britanniques, qui veulent, eux, et dans le même temps, relier l’Égypte au nord à la colonie du Cap au sud. L'objectif est donc double : assurer la continuité territoriale du pays en Afrique, de part et d'autre du grand continent ; et permettre une amélioration des connaissances sur les paysages, les mœurs des populations locales rencontrées au fur et à mesure de l'avance de l'expédition.

La mission part le 25 juin 1897 avec près de 150 tirailleurs sénégalais et huit officiers français, dont le médecin Emily. Les provisions sont importantes, le matériel aussi, répartis dans près de 10000 colis : farine, biscuits, riz, sel, café, boissons, vêtements, matériel de campement, armes et munitions, médicaments. On prévoit également des produits d'échanges, inconnus dans les territoires qu'ils allaient rencontrer, et qui servirait à obtenir la soumission des tribus inconnues ou encore non soumises à l'autorité française : quincaillerie, étoffes, perles. Ces échanges de cadeaux entretiennent les bonnes relations, et la relative soumission de ces tribus à une autorité militaire, qui deviendra, dans le futur une autorité civile, celle des administrateurs, commandants de cercle, lieutenants-gouverneurs, gouverneurs généraux.
La mission atteint d'abord Lango à l'embouchure du Congo en juillet 1897 ; quelques révoltes retardent leur avancée. Ils atteignent Brazzaville seulement au début de l'année 1898. Étape suivante : Bangui, chef-lieu de l'Oubangui-Chari (la future République centrafricaine à partir des années 1960), où Marchand fait l'acquisition du vapeur le Faidherbe. Un bateau démontable ! En attendant de pouvoir l'utiliser convenablement, ce sont des pirogues qui permettent à la mission de remonter l'Oubangui et le M'Bomou. Kilomètre après kilomètre, la mission progresse vers les sources du Nil. En novembre 1893, la mission atteint le Soueh, mais le fleuve est rencontré à un niveau d'eau trop bas pour naviguer dessus. La mission doit alors attendre la saison des pluies avant de reprendre sa progression vers un autre point, qui deviendra le lieu du conflit diplomatique franco-britannique : Fachoda. Cette halte forcée permet la consolidation de la présence française dans cette région : le poste de Fort Desaix est alors fondé. Plus de six mois d'attente avant de reprendre la route et la mission. Pendant cette attente, partie de chasse à l'antilope, rencontre avec les tribus Zandées rythment le quotidien : « Est-ce en effet notre diplomatie, de notre manière de régler tous les différents sans tirer un coup de fusil ou bien ces gens avaient-ils été calomniés ? Toujours est-il que nous avons été reçus à bras ouverts par des peuples avides d'entrer en relation avec nous et d'échanger leurs produits » se souvient Emily. Emily met également à profit ses compétences médicales pour soigner les membres de la mission, les tirailleurs, mais aussi les populations locales. Fort Desaix devient rapidement une place de marché où s'échangent les bêtes, du sorgho, des patates, contre des perles et des étoffes.

Avec la saison des pluies, l'eau du Soueh remonte, l'expédition peut repartir en juin 1898. La mission se divise en deux groupes : le premier groupe est commandé par les capitaines Marchand, Baratier, Mangin, le lieutenant Largeau et les sergents Dat et Venail. L'objectif de ce groupe est d'aller de l'avant, notamment en embarquant sur des pirogues, avant de pouvoir remonter le Faidherbe. Le second groupe doit attendre pour rejoindre le premier plus tard. Le cours du fleuve devient de plus en plus capricieux et surtout marécageux : empruntant des bras d'eau, les hommes doivent rebrousser chemin en se rendant compte qu'ils ne mènent nulle part. 15 jours après le nouveau départ de la mission, ils débouchent dans le Bahr El Ghazal, puis le Bahr el Abiad, c'est-à-dire le Nil blanc.  Emily écrit : « en voyant claquer au vent nos trois couleurs, nous pensons que c'est pour la troisième fois que le drapeau des Francs se reflète dans ce fleuve de légendes. Et le souvenir nous venant de Saint-Louis et de Bonaparte qui se portèrent à son embouchure et ne purent l'y maintenir, nous, nous souhaitons d'être plus heureux. Enfin, le soir du seizième jour, après notre sortie du marais, le 16 juillet 1898, nous abordions le rivage de Fachoda ! Le but après lequel nous courions depuis plus de deux années était atteint. ».
La vue du Nil est un soulagement pour les membres de la mission, qui peuvent, en quelques moments, s'accorder un répit, qu'Emily relate dans son journal : « en même temps que je tirai une bouteille de champagne de mes caisses médicales, je me mis à chanter, d'une voix un peu sourde d'abord, puis tout à coup plus claire, les couplets de ma chanson, la ''Marche du Nil''. Car j'étais aussi le chansonnier de la Mission. Et aussitôt, le miracle s'accomplit, le gai vin de France aidant, mes compagnons chantent avec moi, nous levons nos verres au Grand Nil tout proche, et les conversations reprennent ».
La mission Marchand aborde donc le rivage de Fachoda, au pays des Chilouks. Mais, Fachoda n'est pas un village, juste une sorte de motte de terre, un point haut. La colonne Marchand s'attache immédiatement à lever de terre un fortin. Sur place, et à proximité, une tribu, les Chilouks. Marchand rencontre leur chef : le Mek Abd el Fadil. Le contact est cordial, les populations des villages alentours se rendent souvent au fortin pour échanger leurs produits (sorgho, poulet, poisson), contre les richesses inconnues, ou presque, des Européens. Dans son journal, Baratier, tout comme Emily, décrivent avec précision ces tribus rencontrées au fur et à mesure de l'avance de l'expédition ; parfois, des dessins viennent accompagner les descriptions.
Le fortin édifié, il faut maintenant attendre les nouvelles de la métropole. Le docteur Emily reprend donc son activité de médecin auprès de la troupe, mais aussi des civils et locaux.
Pour autant, la sécurité n'est pas assurée, notamment quand une tribu vient à la rencontre des Français pour les déloger : les Derviches. Ils possèdent des armes à feu, deux bateaux à vapeur. Le 25 août, ils approchent de Fachoda pour reprendre le poste. Malgré leur infériorité numérique, les Français remporte le combat assez vite. Impressionné, Abd el Fadil, le chef des Chilouks, signe un traité reconnaissant le protectorat français sur son territoire. Les Chilouks sont même devenus des aides importantes pour les Français, pour la mission, connaissant bien mieux le terrain, et, surtout, avertissant Marchand des préparations d'attaque des Derviches sur Fachoda.
Pendant tout le mois d'août, à part cette inquiétude venue des Derviches, tout se passe bien à Fachoda. Mais septembre arrive, tout comme les Anglais. En effet, lord Kitchener est lui aussi sur la route de Fachoda, avec ses navires à vapeur et sa troupe. Ils viennent de prendre Khartoum (futur Soudan anglo-égyptien) le 2 septembre, ont rencontré sur leur route les Derviches tout juste défaits contre les Français. La menace arrive aux oreilles des hommes de Marchand, mais, tout comme Emily le rapporte dans son journal, on pense d'abord à des Derviches déguisés en « English », pour venir à nouveau faire la guerre : « Ces hommes se déclarent ''English'', mais, méfiez-vous, ce n'est pas vrai. Ce sont des derviches qui viennent vous faire la guerre. Méfiez-vous », alerte les Chilouks. Emily poursuit : « A cinq heures du matin, le 19 septembre 1898, aucun mouvement hostile ne se dessine, ni du côté de la terre, ni du côté du fleuve. Toute la garnison, blancs et noirs, au poste de combat, attend les événements. Bilali revient et confirme en tous points les derniers renseignements de la nuit : ''Oui, ils se disent ''Anglais'', mais n'en croyez rien, ce n'est pas vrai. » Mais si, ce sont bien les Britanniques emmenés par lord Kitchener.
En fait, les Britanniques ne sont pas venus à Fachoda par hasard : Emily rapporte dans son journal la chose suivante : « En route pour remonter le Nil jusqu'au Sobat, il (Lord Kitchener) avait rencontré un vapeur derviche dont il s'était emparé après un petit combat. Le commandant de ce vapeur lui ayant fait savoir qu'il avait eu affaire, à Fachoda même, quelques jours auparavant, le 25 août, avec une troupe noire commandée par des Européens... le Sirdar (Kitchener) prévenait le chef de cette troupe qu'il viendrait le voir dans la matinée. » Ainsi, les Britanniques avaient-ils vraiment comme projet de passer par Fachoda ? Le fait d'avoir pris ce navire derviche est-il le déclencheur de ce chemin en arrière pour voir ce qui se passait à Fachoda, et quels étaient ces Européens qui occupaient le fort ?

Les navires anglo-égyptiens arrivent à Fachoda dans les premiers jours de septembre. Un Anglais se porte au devant des Français, porteur d'un message signé du Sirdar Herbert Kitchener. Il veut voir le chef de la mission française : Jean-Baptiste Marchand. Celui-ci refuse poliment : « je serai le premier à présenter les biens sincères félicitations françaises au général Kitchener dont le nom incarne depuis tant d'années la lutte de la civilisation aujourd'hui victorieuse contre le fanatisme sauvage des partisans du Madhi ».
En tout cas, une chose est certaine, Kitchener ne souhaite qu'une seule chose : le départ des Français, qui empiètent sur un territoire que les Anglais voudraient bien occuper, dans l'objectif de progresser vers l'idée de continuité territoriale du nord au sud de l'Afrique. Kitchener demande alors à Marchand de se retirer. Deuxième réponse de Marchand, toujours aussi poliment : non. Il ne se retirera pas sans ordre de son gouvernement. Ici s'arrête pour un temps l'épisode de Fachoda. Chaque chef de mission en réfère à son gouvernement. Il faut dire qu'à ce moment-là, Français et Anglais ont noué des relations diplomatiques très cordiales, et ont noué une entente du même nom, cordiale. Mais, face au risque encouru de conflit franco-anglais en plein continent africain, ce sont les Français, emmenés par Théophile Delcassé, alors ministre des Affaires étrangères, qui opèrent en premier la reculade décisive. Deux courriers parviennent à Marchand : dans le premier, il est félicité pour être arrivé là-bas, et est promu chef de bataillon. Dans le deuxième, point d'honneur : on lui demande de quitter le fortin de Fachoda. Et Jules Emily dans tout cela ? Et bien, il est aux premières loges. Fidèle de Marchand, il a été témoin de l'incident diplomatique, de l'arrivée des Anglais, des échanges entre Marchand et Kitchener. Voici son récit : « le 19 septembre à 9 heures, les canonnières anglaises apparaissent à l'horizon du Nil, dans le Nord-Est... A 10 heures, elles s'engagent dans la passe qui donne accès à notre poste et, peu après, cinq grands bateaux, avec les grandes allèges qu'ils remorquent, sont embossées devant notre pavillon... qu'aucun d'eux n'a salué d'ailleurs !!! C'est une vraie et puissante flotte, regorgeant de soldats blancs et noirs, de fusils, de mitrailleuses, de canons. Il y a là 2000 hommes peut-être et 40 ou 50 bouches de feu... Du bateau de tête débarquent deux officiers qui viennent à nous et se font connaître. L'un, un officier de marine, est le commandant de la flottille, l'autre est l'aide de camp du Sirdar, Sir Cecil, fils de Lord Salisbury. Ils viennent de la part du Sirdar saluer le capitaine Marchand et l'inviter à monter à bord. Notre chef se rend à cette invitation, accompagné par le second de la mission, le capitaine Germain. Le colonel vient visiter en détail l'emplacement de l'ancienne ville égyptienne. Il parcourt tout le poste, s'arrêtant de préférence à l'examen de nos retranchements et des travaux de défense élevés par Mangin depuis deux mois. […] Le colonel Westgate se propose sans sourciller de nous faire évacuer une partie de nos fortifications et d'y planter le pavillon égyptien sous lequel ils naviguent. Contre ces prétentions, le capitaine Marchand s'élève avec modération mais avec une énergie que rien ne peut fléchir. Le Sirdar exprime ses regrets que nous ne voulions pas consentir à lui faire cette concession : « c'est l'emplacement en entier de Fachoda que je dois occuper. J'en ai reçu l'ordre du Sultan et du Khédive et je suis obligé de protester en leur nom contre l'occupation que vous entendez maintenir de ce point de la rive du Nil. Ce pays n'a jamais cessé d'appartenir à la Turquie et je vous demande de l'évacuer sans délai ». Plus violent, le colonel Westgate intervient et nous menace de ses soldats, de ses canons. Il faut que le Sirdar le rappelle à la modération. « Je suis plus fort que vous, ajoute Sir Herbert Kitchener, et si je voulais, j'aurais vite fait de vous contraindre à respecter et à reconnaître les droits de la Sublime Porte. Mes forces prépondérantes me le permettraient ». « Mon général, il n'est pas possible que vous teniez un pareil langage », répond à peu près textuellement notre chef, « vous êtes un soldat comme moi, et vous ne voudrez pas me mettre dans l'alternative, ou de désobéir aux ordres que, comme vous-même, j'ai reçu, ou de me laisser attaquer par vous. Vous savez bien que je respecterai la consigne qui m'a été donnée et que si vous engagiez cette lutte inégale, mes compagnons et moi-même nous nous ferons tuer jusqu'au dernier... » ». Kitchener est près à admettre non pas le caractère militaire de la mission, mais bien le caractère scientifique. Il propose même l'évacuation du fortin en utilisant les navires britanniques, en remontant le Nil jusqu'à l’Égypte !

« Il faut pourtant arriver à une solution. Il est déjà midi, et, depuis plus de deux heures on discute sans parvenir à s'entendre : savez-vous que c'est la guerre entre nos deux pays qui peut sortir de votre refus de quitter Fachoda ? », dit encore le généralissime anglo-égyptien... »
La suite, nous la connaissons, avec le retrait des Français du poste.
En décembre 1898, la colonne Marchand quitte Fachoda ; l'objectif de départ n'en est pas moins oublié ; gagner le territoire de Djibouti, et la côte française des Somalis. Alors, les hommes embarquent sur le Faidherbe, accosté sur le Barro. Arrivé en Abyssinie, les rapides sont trop importants, il faut abandonner le Faidherbe et poursuivre à pied. En Abyssinie, ils rencontrent le roi Thessama : l'accueil est cordial, les échanges de cadeaux se font sous les meilleurs auspices. Jules Emily est impressionné par le faste de ce roi abyssinien. La route reprend, et Marchand arrive en terre éthiopienne, chez le Négus Ménélik, qui le reçoit pour un entretien. Ils arrivent enfin à Djibouti au printemps. Le 16 mai 1899 Emily clôture son journal de la façon suivante : « la mer, la grande mer, vers laquelle nous marchons depuis trois ans, se montre au loin. Tandis que nos tirailleurs et nos yokomas saluent son apparition par les cris de ''N'gou Kouta'', nous pensons aux dix milles de Xénophon, saluant du même cri les rives du Pont Euxin : Thalassa ! Thalassa ! ».

Jules Emily ne voit pas sa carrière militaire s'arrêter à la mission. De retour à Paris, il est cité à l'ordre de l'armée et décoré de la rosette de la Légion d'honneur. Il retourne en Afrique, où, de 1909 à 1911, il est médecin-chef de Dakar, ville capitale de l'Afrique occidentale française (AOF). Ensuite, il est médecin-chef d'un corps d'armée, toujours en AOF, mais à Conakry, en Guinée.
Comme de très nombreux coloniaux, il participa à la Grande Guerre en métropole, notamment sur les fronts de l'Aisne, de la Marne, et même Verdun.
En 1919, il fait partie des forces d'occupation en Belgique et dans le Palatinat. Mais, là aussi, l'appel de la colonie le mène au Liban, mandat français, à Beyrouth plus précisément, où il sert dans l'armée du Levant.
A 62 ans, en 1928, il termina sa carrière à Paris, en tant que Directeur du Service de Santé du Corps d'Armée coloniale.

Il reste néanmoins réserviste, peaufine et publie son Journal de route de la mission Marchand, et son Fachoda. Il meurt dans la capitale le 16 décembre 1944, à 78 ans.

Brillante et complète carrière de ce Corse, natif du Valinco, et qui, parcourra l'Afrique, le Levant, dans le Corps de Santé des Armées coloniales. Dans son journal, il mentionne que Fachoda restera à jamais comme une « victoire » française : « Nous n'avions pas mission de pousser aussi loin les choses... mais seulement d'occuper, avant tout autre, un point de la rive du Nil, de préférence Fachoda. Et ce but, nous l'avions réellement et complètement atteint ; l'arrivée du Sirdar devant Fachoda était de trois mois postérieure à la nôtre. Rien ne pouvait contre ce fait ».

Quelques illustrations pour compléter cet article :

Jules EMILY : médecin corse dans la Mission Marchand 1897-1898 Emily_10

Le docteur Emily lors de l'expédition en plein travail de soin



Jules EMILY : médecin corse dans la Mission Marchand 1897-1898 Emily10

Le docteur Jules Emily en tenue de lieutenant-colonel



Jules EMILY : médecin corse dans la Mission Marchand 1897-1898 J-b_ma10

Jean-Baptiste Marchand en tenue de lieutenant-colonel



Afin de réaliser cet article, mes références ont été les suivantes :

- sous la direction de François Pomponi : Mémorial des Corses; tome 6 : les Corses à l'extérieur;
- Jules Emily : la Mission Marchand dans le Bahrel-Ghazal et à Fachoda; article paru dans la Revue de l'histoire des colonies françaises; volume 19; n°81; p. 233-260: 1931 : http://www.persee.fr/doc/outre_0399-1377_1931_num_19_81_1054
- http://www.archivesnationales.culture.gouv.fr/anom/fr/Action-culturelle/Dossiers-du-mois/1602-Mission-Marchand/index.html
- http://www.jle.com/fr/revues/mst/e-docs/docteur_emily_i_presume__295830/article.phtml?tab=images


Poddichini.

Commentaires: 32
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