Alan Magee, l'incroyable chute de 6 700 mètres du mitrailleur de B17

En 1943, ce soldat miraculé chute de 6 700 mètres et tombe sur le toit de la gare de Saint-Nazaire

Alan Magee est l’un des plus chanceux soldats états-uniens de la Seconde Guerre mondiale. En 1943, il est tombé d’un bombardier en feu sur la gare de Saint-Nazaire (Loire-Atlantique). Et il a survécu…




L’histoire peut paraître invraisemblable. Elle est pourtant largement documentée et confirmée par des témoins. L’aviateur lui-même est revenu sur place, à Saint-Nazaire (Loire-Atlantique), en 1995.

Le 3 janvier 1943, la ville portuaire est au cœur de la bataille de l’Atlantique, quand le destin d’Alan Magee s’apprête à basculer. Elle abrite l’une des cinq bases sous-marines de l’Allemagne nazie, d’où partent et reviennent les U boats destructeurs des navires alliés.

Les Allemands font des travaux dans cette forteresse de béton. L’occasion pour les alliés de lancer un nouveau raid. Des bombardiers décollent à 9 h de Molesworth, dans le Cambridgeshire, au Royaume-Uni. La cible ? « Une zone de stockage de torpilles près des enclos sous-marins », rapportent les archivistes du site américain War memorials overseas .

[/url]

(Article paru ce lundi 8 mai dans le quotidien Ouest-France en page Loire Atlantique sous la plume de Mathieu Marin)

Saint-Nazaire, cauchemar des aviateurs

Alan Magee est à bord de l’une de ces forteresses volantes B17. Comme il est petit et mince, l’Américain de 24 ans est mitrailleur dans la tourelle centrale, située sous l’avion. Un espace très exposé et glacial, qui surplombe 6 700 m de vide, soit 20 000 pieds.

Saint-Nazaire est alors le cauchemar des aviateurs. La ville est surnommée flak city, en raison de sa puissante défense antiaérienne. Les chasseurs allemands sont toujours prêts à décoller.

Vers 11 h 30, soixante-dix-sept B17 et douze B24, protégés par seize avions de chasse, arrivent sur zone et larguent leurs charges. C’est l’enfer au sol. C’est l’enfer dans le ciel.

Des sources rapportent que, « à peine arrivé au-dessus de Saint-Nazaire, Alan Eugene Magee est blessé par un premier obus, qui détruit aussi son parachute. Un autre tir arrache une aile de l’avion en feu ». D’autres versions diffèrent un peu.

Le mitrailleur est projeté dans le vide et fond sur la gare de Saint-Nazaire, située 6 700 m plus bas. « Lors d’une chute comme celle-ci, le corps atteint 200 km/h maximum. Ensuite, ça n’augmente plus », précise Vincent Heidelberg, un spécialiste de l’aéronautique qui a travaillé sur les miraculés du ciel.

L’épaisseur des vêtements ?

Alan Eugene Magee perd conscience par manque d’oxygène. Son corps fracasse la verrière et heurte le sol. Le soldat est grièvement blessé, au visage et aux jambes, a un bras presque arraché, ses poumons et d’autres organes internes en partie écrasés. Mais il est toujours vivant quand les Allemands le décrochent des charpentes métalliques du bâtiment.

L’épaisseur de ses vêtements de protection a pu contribuer à le protéger. Certains historiens évoquent aussi « le souffle d’une explosion », au même moment, qui aurait ralenti la chute. Les raisons de la survie de ce militaire restent une énigme.

Deux autres membres d’équipages survivent, sauvés par leurs parachutes. Les sept derniers aviateurs du B17, qui s’écrase à La Baule, sont tués.

« Une base visiblement indestructible »

« Je me souviens avoir retrouvé mes esprits avec des gens penchés au-dessus de moi, raconte Alan Magee, en septembre 1995, lorsqu’il revient à Saint-Nazaire revoir les lieux de son incroyable accident. Le chirurgien m’a dit : “On est ennemis, mais je suis d’abord médecin et je vais faire de mon mieux pour vous tirer d’affaire.” » Il compte alors 28 blessures dues à des éclats d’obus et à des dommages internes.

Le polytraumatisé reste deux mois en soins à Saint-Nazaire, avant de rejoindre un camp de prisonniers, dont il sort en 1945.

À Saint-Nazaire, la gare ferroviaire n’est qu’une ruine après la guerre, mais la base des sous-marins est toujours debout. « Je me demande pourquoi nous avons dépensé autant d’argent pour détruire une base visiblement indestructible », commente-t-il à l’époque.

Souvent surnommé le miraculé de Saint-Nazaire, le mitrailleur a reçu la médaille de l’Air pour conduite méritoire et la Purple heart. Il a travaillé dans l’industrie du transport aérien, avant de mourir à 84 ans.

Bonjour,

Incroyable histoire ! Merci du partage

Bonjour,

Le miraculé de Saint Nazaire, une évocation nécessaire, parce que fascinante, pour mes élèves lors des sorties à la base sous-marine et au musée du Grand Blockhaus.
Je crois savoir qu'il y a deux autres cas similaires : un mitrailleur de Lancaster et une hôtesse de l'air.

Bonjour,

Double voire triple miraculé, d'abord rescapé de la chute, ensuite soigné et bien soigné malgré 28 blessures pendant une période de bombardements intensifs et 2 ans 1/2 de captivité.
Beau moment d'humanité aussi.

GM

Bonjour,
Je découvre ce destin hors du commun. Impressionnant
Merci pour le partage

mc a écrit:

Bonjour,

Le miraculé de Saint Nazaire, une évocation nécessaire, parce que fascinante, pour mes élèves lors des sorties à la base sous-marine et au musée du Grand Blockhaus.
Je crois savoir qu'il y a deux autres cas similaires : un mitrailleur de Lancaster et une hôtesse de l'air.

Bonjour
Il y a aussi une jeune femme au Pérou dans le début des années 70.

Bonjour

Merci pour ce récit historique.
cordialement

Bonjour
À comparer avec l’histoire de Nicolas Alkemade, chute de 5600metres d’un Lancaster. Atterrissage dans les sapins et la neige, seul dommage: une entorse de la cheville.

Quand c’est pas ton heure, c’est pas ton heure…

Cordialement