Des gants dans la Grande Armée et postérieurement

Bonjour Messieurs,

Je fais appel à vos lumières car je me suis retrouvé confronté à un questionnement personnel. Lorsque j'ai acheté mon sabre 1822 de cavalerie légère, le vendeur, qui semblait s'y connaitre, m'a parlé de tout un tas de choses, et notament de l'usage des gants à crispin dans la Garde Républicaine, d'où venait le sabre (paraît-il). S'il me semble à peu près acquis que dès l'époque napoléonienne, les cuirassiers portaient les gants à crispin (sous réserve de disponibilité - je sais à quel point on manquait de cuir pour les chaussures, alors pour les gants...), ainsi probablement que les grenadiers à cheval, les carabiniers, etc... je suis complètement dans le flou en ce qui concerne la cavalerie légère ou l'infanterie.

Sauriez-vous donc m'éclairer pour ce qu'il en était du port des gants dans l'ensemble des armes de la Grande Armée, ainsi que l'évolution des règlements et des pratiques au cours du XIXe siècle?

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H2Z

Bonjour,

Une petite précision : on disait à l'origine des gants "à la Crispin", Crispin étant une personnage de la commedia dell'arte dont le costume comporte des manchettes blanches.

Dans les règlements de l'an X et de 1812, les gants à crispin, appelés dans ces textes "gants à parements", sont exclusivement affectés à la cavalerie lourde et à la cavalerie de ligne. La cavalerie légère, l'artillerie à cheval et les troupes à pied n'en font pas usage. La gendarmerie à cheval en utilisait, mais relève d'autres textes réglementaires que je n'ai pas trouvés. Dans le règlement de 1845, seuls les cuirassiers et carabiniers sont dotés de gants à crispins, sauf en petite tenue. Ces dispositions perdurent au moins jusqu'au Second Empire (règlement de 1859). Pour la période ultérieure, il faut que je vérifie.

Je pense que le parement avait pour fonction de garantir les poignets contre les coups de sabre de l'adversaire, car cette partie du corps - notamment le poignet de la main de bride - est désignée comme une cible prioritaire dans les manuels décrivant l'emploi du sabre.

Cordialement

Pour la gendarmerie, voir ici. Seuls les gendarmes à cheval ont les gants à crispin :

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Eh bien, merci Tribunusmilitum pour toutes ces précisions! Ca correspond à l'idée que je m'en faisais a priori, mais maintenant tout doute est levé.
Il est certain que la manchette du gant a une fonction protectrice importante. Mais précisément pour cette raison, il me semblait logique que la cavalerie légère, qui est particulièrement appelée à s'engager dans des combats de taille, en ait aussi.

C'est certain, mais c'est peut-être une question de coût.

Il apparaît que dans le règlement de 1879, il n'est plus du tout question de gants à crispin. Par ailleurs, les aquarelles de Moltzheim, exécutées en 1874, montrent des cuirassiers sans crispins, mais un cavalier de la garde de Paris en possédant. Les aquarelles de Detaille (1886-1887) montrent la même chose. Pas de crispins non plus sur les photos de cuirassiers datant de la IIIe République. Il semble donc que les gants à crispin aient été abandonnés sitôt après le Second Empire, pour ne subsister que chez les cavaliers de la garde de Paris/garde républicaine, cela jusqu'à nos jours.

Les crispins restent actuellement utilisés dans l'armée de terre :
- par les escadrons de circulation du train, pour rendre plus visibles les gestes de guidage des tringlots lors des missions d'appui au mouvement ;
- par les gardes aux drapeaux et étendards de toutes les armes, à des fins d'apparat.

Cordialement