Un mousqueton de la guerre d'indépendance grecque

Bonjour,
je vous présente un mousqueton un peu atypique, très court ( 85 cm sans la baïonnette) dont voici quelques photos plus parlantes qu'une longue description :





Son seul marquage apparent est la couronne grecque présente sur la platine, aucun poinçon de contrôle sur les différentes composantes, à part un L discret situé sous la queue de culasse, rien non plus sur la baïonnette (qui s'apparente au modèle 1816 français)



Tout ceci est voulu, il s'agit en effet d'un rescapé de la guerre d'indépendance commencée en avril 1821 jusqu'en septembre 1829 et qui aboutira à la création de L’État Grec en 1830.
Un peu d'histoire pour mieux comprendre :

Le 25 avril 1821, l’archevêque de Patras Germanos, figure mythique de la révolution grecque, proclama la guerre de libération nationale. Dans les premiers temps, les insurgés accumulent les victoires ; les Turcs n’ayant pas vraiment anticipé le soulèvement. La Sublime Porte se reprend et inflige plusieurs revers à la rébellion grecque. C’est l’époque du massacre de Chios ( avril 1822) qui va susciter un grand émoi en Europe
A partir de 1824 des comités de soutien se constituent en France et d'autres pays européens, qui fournissent des fonds pour procurer discrètement des armes aux Grecs, car les Autrichiens notamment faisaient un embargo pour ne pas froisser les Turcs.
C'est à Liège que beaucoup de cet armement fut construit, mais pour ne pas signer la provenance au risque de déclencher un incident diplomatique, rien ne devait en prouver la provenance, d'où l'absence totale de poinçons de contrôles de fabrication...

De même ce mousqueton ne ressemble à aucun autre en service ni en France, ni ailleurs, bien que fortement inspiré d'éléments constitutifs du mousqueton de gendarme modèle 1825...
Les armes étaient exportées vers la Grèce à partir du port de Marseille principalement. Beaucoup d'anciens militaires en demi-solde depuis la chute de Napoléon se portèrent volontaires pour encadrer la jeune armée grecque.



   

Bonjour

Bel objet....Presque un jouet, et pourtant! La question qui vient tout de suite à l'esprit, c'est : " à quel corps ce très court mousqueton était-il destiné ? Ou du moins, pour quel usage? Marrant, la baïonnette est presque plus longue que le fusil. En tous cas, il est dans un état remarquable. Cordialement

Bonjour,

Vraiment surprenantes, sont, tant les dimensions de ce mousqueton, que le petit morceau d'histoire qui s'y rattache !


Merci, Cave Canem; et félicitations pour cette acquisition.

Bonjour,
je pense que c'était pour l'artillerie...

Le comité français Philhellénique avait financé de l'artillerie en 1825



Cette histoire de l'indépendance de la Grèce est maintenant tombée dans les oubliettes, elle a passionné à l'époque. Parmi les soutiens célèbre on comptait Chateaubriand, Hugo, Delacroix et même Louis Philippe. On peut faire le parallèle avec les comités de soutien du Pape en 1868-70 et les zouaves pontificaux.
La Russie d'abord, puis l'Angleterre et la France sont intervenues militairement à partir de 1827. Nos troupes resterons en Grèce jusqu'en 1833.

Re

La piste de l'artillerie est effectivement très pertinente, c'est presque une évidence.

J'ai oublié de préciser le calibre : 17,5 mm comme le fusil d'infanterie. L'utilisateur avait intérêt à saigner la cartouche de moitié pour éviter un sacré coup de pieds de cheval vu la longueur du canon ( 47 cm)!

Bonjour,

belle prise et en bon état,avec sa dimension je pense comme toi.......artillerie.
Félicitations,ce n'est vraiment pas une arme courante que nous trouvons dans les ventes.

Cordialement.

Merci, effectivement c'est un coup de bol, parce qu'à part la commande de 1826, rien trouvé d'autre, ce qui peut signifier qu'il n'y en aurait peut-être moins de 1000 de construits...

Bonsoir,

Merci pour le partage de ce mousqueton si particulier et le pan d'histoire qui va avec.

Belle découverte en tout cas.

Bien cordialement.

Merci, Le lien de l'objet avec l'histoire est indissociable pour moi.
Ce mousqueton a été découvert dans une maison de Gênes il y a peu. Je pense qu'il na jamais rejoint la Grèce en son temps, c'est sans doute ce qui la sauvé, pour mon plus grand bonheur !

Bonjour,

Ah le siège de Missolonghi... très belle arme et fort peu courante !

Bien à vous,

Alexandre.

Merci Alexandre12 !

Je pense avoir trouvé le fabricant de ce mousqueton. Le L sous la queue de culasse pourrait bien correspondre à Lepage, fabricant installé à Liège à l'époque (voir tirée liste de l'almanach de 1827) car pour cette même année on retrouve un reliquat de paiement dans les comptes du comité français, pour une fourniture de l'année précédente...