Polir une lame de baïonnette.

Bonjour à tous .
C'est sans prétention que je fais ce post.
C'est un sujet déjà traité sur pm. Dans le passé j'ai déjà poli plus ou moins bien mais ici un ami m'a donné 2 ou 3 conseils que j'ai mis en pratique pour cette baïonnette. C'est donc une mise au goût du jour. Mon travail j'ai voulu vous le faire partager.
Déjà il s'agit d'une baïonnette dont la lame est en acier poli brillant donc sans bronzage.
Pour pratiquer cette méthode il faut être patient et persévérant et avoir du temps. Si vous ne trouvez pas un certain plaisir à polir et que vous trouvez qu'il s'agit d'une laborieuse corvée alors vaut mieux y renoncer. Vous pouvez polir en plusieurs fois à condition de mettre de l'huile sur le lame à chaque interruption de travail, la rouïlle étant vite menaçante. D'ailleurs il est quasi impossible de réaliser cette entreprise en une seule fois la fatigue musculaire s'installant. Il est préférable de travailler à la lumière du jour et dans son jardin (en cas de chute de la baïonnette il n'y aura pas de dégât ou moins que si elle tombe sur le béton). Aussi il faut un minimum d'équipements/produits et porter de vieux habits.
Une baïonnette dont la lame présente un beau miroir avec 2 ou 3 griffes doit selon moi rester dans cet état et vaut mieux ne pas y toucher. Aussi je n'ai jamais été partisan du brillant ou de l'étincelant mais chacun de nous connait le rôle principal d'une baïonnette, la lame de celle-ci doit avoir des propriétés et des qualités spécifiques et c'est dans ce sens qu'elle doit être d'une propréte irréprochable ou presque.
Avant de vous lancer vous devez vous poser la question "est-ce vraiment nécessaire de polir ou pas" et sachez que si vous vous lancez dans le polissage vous ne pourrez plus faire machine arrière dès le premier coup de câle et que vous serez obligés d'aller jusqu'au bout du travail.

ETAPE n°1
C'est l'analyse.










La lame a un bel aspect. Au touché elle présente de petites aspérités uniformes sur toute sa longueur, deux ou trois coups dits "martelage" sur son dos, des légères griffes verticales sur chaque flanc vers la pointe et des crevasses sur le contre tranchant et des griffes. Le fil de la lame au doigt présente des petites imperfections. Bien que la lame soit belle nous ne pouvons pas prétendre à la rendre comme neuve. Ne vous inqiétez pas on va atténuer tout ça. Elle mérite un polissage oui.

ETAPE n°2
C'est le nettoyage primaire.
Il faut de la pierre d'argent, du miror, une éponge tampon usée, une brosse à dents, un seau d'eau chaude, du coton.
Le miror et la pierre d'argent sont des produits abrasifs.






Voilà déjà un premier résultat, c'est déjà bien. Pour ceux qui redoutent le polissage ils peuvent s'arrêter là en déposant sur la lame de l'huile pour arme.

ETAPE n°3
C'est le polissage.
La pluie étant je suis obligé de me réfugier dans le garage.
Il faut une ou deux câles la meilleure étant celle qui offre plus de surface, du miror, et un assortiment de papier pour carrosserie qui va pour ma part du 180 au 600 en passant par le 240,320,400. Il faut un support (établi) du papier absorbant et un chiffon ou deux.


Avant de commencer je protège les marquages avec deux petits morceaux de bois attachés ensemble avec deux panduits ceci pour éviter de trop frotter sur les marquages  et ainsi les préserver. L'emplacement de ces marquages sera frotté avec plus de minutie et attention avec le papier carrossier.


Pour le principe et la méthode.
Le polissage est le retrait de la matière sur une infine épaisseur afin de retrouver une surface parfaite. En gros vous frottez pour arriver à la plus profonde des imperfections.
Je commence avec un grain 180, si vous commencez avec un grain trop petit vous allez vite vous décourager et constaterez que le grain n'est pas approprié pour commencer le travail. J'étale uniformément sur la lame et sur le papier maintenu par la câle un peu de miror. Puis on frotte le papier pour qu'il s'use uniformément sur l'ensemble de la lame et sur ses deux faces.
Toujours frotter dans le sens de la longueur de la lame, répéter dans le temps l'application du miror. Changer le papier une fois trop usé et frotter le papier sur la totalité de sa surface pour que tout les grains s'usent.
La pression doit être modérée, le poids de votre bras suffit.
Au plus la surface de contact avec la lame est grande, au plus le passage de la câle sur la lame est répété au meilleur sera le polissage. Néanmoins j'insiste un peu plus sur les griffes.
Je met également du miror avec le papier 240 et 320.
Donc je commence au 180 puis je continue au 240 puis 320 (c'est dégressif) et je ne diminue le grain que lorsque mon papier est totalement usé. Si vous voyez à un moment donné que la progression de votre travail laisse des imperfections plus ou moins visibles et que le résultat final ne sera pas concluant alors remettez le grain précédent car en faisant cette marche arrière vous vous remettez sur la bonne voie.
Me voici en action.
Photos prises par ma femme Maryline   .

Quand le point d'appui est bas sur la lame c'est vers le haut de la lame que je frotte comme ci-dessous où je fais la pause.

Quand le point d'appui est vers le haut de la lame c'est vers le bas de la lame que je frotte comme ci-dessous.

Enfin étant droitier c'est ma main droite qui fait ses "aller-retour" avec la câle, ce mouvement devient automatique et même systématique. Cette main fait toujours le même mouvement. C'est ma main gauche qui tient la poignée. Tout en frottant je tourne doucement ma poignée gauche pour incliner la lame et c'est capital. A un moment donné vous allez adopté une position confortable et continuerez à frotter sans fatigue ou presque.
Attention à la pointe svp pour ne pas vous blesser adoptez une position de main, au moins je vous l'ai dit.

Arrivé au 400 je change le miror par une huile de vaseline. Je continue le boulot comme ci-dessus.

Idem avec le 600.

ETAPE n°4
La finition
Quand vous jugez votre travail suffisant et obtenez un bon résultat alors appliquer de l'alcool à brûler.


Ensuite du miror à répétition avec coton à polir jusqu'à ce que le coton ne devienne plus noir.


Ensuite application d'huile pour armes.


ETAPE n°5
Apprécier le résultat












Je vous laisse juger le résultat.
Elle a fêté son centenaire cette année.
Merci de m'avoir lu et porté votre regard sur ce post.
Mes amitiés.
Eric

Salut,

joli travail et bien expliqué. Merci du partage.

Trooper

Salut,
super, ça ne dénature pas la pièce et l'embellie meme!
Beau travail!

Bonjour
Beau travail mais je finirais au 800 et 1000 pour enlever les rayures de la pointe.

mais autrement bon principe surtout en hiver pour se réchauffer.

Bonne journée

Bonjour,

Super boulot et bisou à madame pour les photos ...

Respect et Honneur ..

Bonjour,

Magnifique restauration qui ne la dénature pas du tout !
Bravo pour ce travail d'orfèvre

Cordialement

Bonsoir Eric

Excellente restauration, elle se retrouve dans l'état d'origine de sa dotation, dans le barda du fantassin allemand

Bienvenue dans le club des "antirouilles"
@+ Patrick

Bonsoir, beau travail, merci du partage

Bonjour.
Je suis content et heureux que ce post vous plaise.
 pour vos compliments.
J'ai fait une bise    à madame de ta part D-Day.
A bientôt.
Eric

Bonjour

beau travail de restauration,que dire si ce n'est que bravo


jean philippe

Salut Eric,

Très beau post et bien expliqué, comme les précédents que tu as fait !

Maintenant que tu as la méthode, je peux t'envoyer mes quelques lames légèrement rayées pour un petit lustrage !!

@+ l'ami

Loïc

Bonjour beau travail et explications limpides, merci beaucoup du partage, j'ai du travail en vue du coup

Laurent

Merci pour ce super tuto illustré...
Je pense que je vais tester ça rapidement sur une vieille baio All. 98-05 de fouille, pour ensuite attaquer ça sur une lame d'un sabre mle 1855 (officier d'inf. Fr).

Par contre, petite question, pourquoi appliquer de l'alcool à brûler?

Bonsoir et merci.
Tu es bien sympa Loïc mais j'ai pas mal d'occupations en ce moment et je suis sûr que tu fais aussi bien que moi.
Pour Quentin1873 je passe de l'alcool à brûler avec un chiffon ou de l'essuie-tout pour retirer toute l'huile de vaseline.
Par contre polir une lame de fouille n'est pas judicieux selon moi car les lames de fouille sont trés souvent trop piquées pour les polir. Le résultat ne serait pas satisfaisant.
Polir c'est retirer quelques micromètres de matière en surface.
Il vaudrait mieux la laisser comme ça en la passant à la pierre d'argent et passer ensuite du miror (produits qui nettoient et qui ne font pas de rayure) et de l'huile tout de suite aprés.
J'ai par exemple une baïonnette trop piquée pour la polir, la voici :
https://www.passionmilitaria.com/t80051-eb13
Eric

OK, merci du conseil et de l'explication pour l'alcool à bruler!
sur ma 98-05, la lame n'est pas piquée, mais à beaucoup de tâches noires.

et de toute façon, il lui manque une plaquette, et elle n'a pas de marquages, donc je n'ai rien à perdre!