Il avait le tort d' y croire;

Bonjour,

Fin 1962, début 1963, l'OAS était active, c'est le moins que l'on puisse affirmer.

A BONE et ses environs, les éxécutions et les destructions allaient bon train malgré la précense des barbouzes d'origine vietnamiennes censées enrayer ces vagues d'attentats.

BONE était le PC de la 2° DIM installé sur le flanc d'une colline située au dessus du port et près du quartier dit de la "CASBAH" où mon détachement d'écoutes se trouvait.

Si nous étions logés dans du dur, l'état major de la 2° DIM se contentait de barraques en tôle, ce qui avait peu d'importance car les personnels logeaient ailleurs et seule la garde était présente en leurs absences.

Une de ces barraques abritait le 2° bureau commandé par un chibani, lieutenant colonel des troupes de marine.

C'était un homme qui ne pensait qu'à son travail c'est à dire casser du fellouze et il y arrivait pas trop mal.

Normalement, je n'avais aucun rapport direct avec lui même si les renseignements recueillis l'intéressaient au premier chef mais il fallait que ceux ci passent par ALGER, CONSTANTINE puis atterissaient dans son bureau trois jours aprés...

Il arrivait donc que par hasard, je lui rendais visite en jeep pour discuter, en fait je lui refilais des tuyaux qui devaient être exploités sur le champ.

Je raconterai un jour toute l'histoire de ces inepties hiérarchiques.

Ayant recueilli un renseignement capital, à savoir l'ordre donné par l'ALN d'éxécuter une famille de commerçant demeurant à SOUK AHRAS, soupçonné d'être membre actif de l'OAS, je fonce avec ma Jeep pour le prévenir.

Je pénètre dans le bâtiment où je vois plusieurs officiers supérieurs inconnus qui déambulaient pour certains et d'autres qui fouillaient les bureaux.

Un colonel s'approche de moi, me fait signe de le suivre dans un bureau et me demande ce que je viens faire !

J'ai vite compris qu'il y avait un loup et je lui réponds que je venais chercher des fournitures de bureau car la portion centrale de la 708° CT à HYDRA n'était pas généreuse, ce qui était vrai.

Pas de réponse de sa part mais des questions du genre: vous connaissez bien le lieuenant colonel X ?, Il vous tutoie? Il vous invite chez lui ? etc etc

Puis arrive le morceau de choix ! que pensez vous de l'OAS ? êtes vous pour, contre etc etc.

Je m'en tire pas trop mal et je sors enfin du bureau pour être conduit dans un autre où je vois mon lieutenant colonel, debout, menottes aux poignets, les larmes aux yeux et complètement déséspéré.

Un officier me pose cette question : Vous devinez les raisons de ces menottes ? non, répondis je, ce qui était exact.
Et bien, vous avez devant vous un des responsables de l'OAS de BONE.

J'étais stupéfait, je m'attendais à tout sauf à ce motif qui lui valut de prendre le premier avion pour la France.

Il s'était fait prendre stupidement car il avait l'habitude de lancer des tracts pro OAS dans les rues de BONE la nuit depuis sa voiture de fonction, une Peugeot 203 dont le numéro d'mmatriculation fut relevé par un petit malin.

Je n'ai jamais su ce qu'il est advenu de cet officier dont je cherche désespérément à retrouver le nom et dont je garde un souvenir exceptionnel.

Bien amicalement.

Gantheret

Bonjour,
voici une histoire qui est intéressante, du vécu!
Merci,
Cordialement,
CG

Bonjour, merci de votre témoignage.

Bonjour,

vraiment très intéressant, un grand merci a vous de nous faire partager vos mémoires. Je vous souhaite vraiment de pouvoir retrouver cet officier.
Cdlt memoire

Bonsoir,

J'espère qu'il lira ces lignes et si c'est le cas, il se reconnaîtra certainement.

Amitiés.

Gantheret

Sacré témoignage en effet ! Triste sort...

Mathieu