Les plaques de shako du 19ème siècle, du 1er Empire au Second Empire

Bonjour,

Les plaques de shako françaises du 19ème siècle sont tellement variées de par la succession des régimes politiques, qu'elles méritent un post dédié.

Je me lance avec mes exemplaires :

- 1er Empire, plaque du modèle 1806 du 44ème Régiment d'Infanterie de Ligne, circa 1806-1812 :


Sous cette plaque, le 44ème de Ligne participe aux combats suivants :
1806 : Campagne de Prusse et de Pologne; 14 octobre : Bataille d'Iéna puis Pułtusk
1807 : 8 février : Bataille d'Eylau, Ostrolka, Danzig, Bataille de Friedland
1808 : Saragosse et Lerins
1809 : Siège de Saragosse et Alcanitz
1810 : Siège de Tortose
1811 : Sanguessa et Valence
1812 : Smoliany, Galopinski, et Borisow

Cette plaque "de fouille" provient de Russie. Elle n'a pas été sortie de terre mais viendrait d'un dépôt de type ancien hôpital militaire.
Preuve s'il en était encore besoin que lors de la campagne de 1812, de nombreux régiment portaient encore leur plaque du modèle 1806 ou 1810.
Mon bijoutier l'a passé dans son bain à ultra sons, ce qui a permis d'enlever la couche d'oxydation.

Lui succèdes le modèle 1812, dont voici un exemplaire de fabrication récente à titre d'exemple :

Cette plaque à soubassement dont l'esthétisme plaisait aux militaires, va longtemps inspirer les plaques qui vont lui succéder.

Après l'empire arrive la seconde restauration (1815-1830), période de la monarchie conservatrice.

Exemple d'une plaque de bonnet à poil du modèle 1814, pour grenadier de la garde nationale de province (son argenture a disparu) :


En 1816 apparait une nouvelle plaque, surmontée de la cocarde blanche.
Ici de la 43ème Légion Départementale (Loiret) :


En 1821, les plaques sont changées au profit de ce modèle, ici du 31ème de Ligne :


1830, changement de régime après la Révolution de Juillet (les "3 Glorieuses"). La monarchie conservatrice devient libérale. Le roi (Louis-Philippe 1er) n'est plus sacré mais intronisé.
La cocarde devient tricolore et le coq est pris comme emblème national.
Pour correspondre à ce nouveau régime, une nouvelle plaque est instituée, le modèle 1831.
Ici un exemplaire du 35ème de Ligne :


La garde nationale, acteur républicain très important, dispose de plaques spécifiques, toujours argentées :
Ici un exemple :


En 1837 est adoptée une nouvelle plaque, toujours au coq.
Voici un exemplaires de la 5ème Légion de la Garde Nationale de Paris (qui a participé aux évènements de février 1848) :


Le modèle pour l'armée régulière est en tous points identiques, hors sa couleur doré (laiton).

En 1845, nouveau changement de plaque. Ici un exemplaire d'officier du 49ème de Ligne :


Février 1848, c'est à nouveau la révolution.
Les légions des gardes nationales manifestent et parfois affrontent des éléments de l'armée régulière.
Louis-Philippe abdique et un gouvernement provisoire est créé. Les couronnes doivent être supprimées des plaques, par cassure ou par la pose d'une nouvelle plaque.
Ici un exemplaire pour officier du 47ème de Ligne :


Après la révolution du 22 février 1848, la garde nationale adopte une plaque de shako de ce type (ici un exemple de la 10ème Légion de Garde Nationale) :


Pour rappel, c'est le modèle 1837 qui était porté par la garde nationale lors des évènements de février 1848.

Succèdes la phase Présidence (1848) puis en 1852, Napoléon III proclame le Second Empire.
Dès 1852 et jusque 1854, les plaques au coq sont remplacées par des plaques à l'aigle.
ici un exemplaire du 7ème Régiment d'Infanterie de Ligne (garnison de Belfort) :


Puis, de 1854 à 1860, seul ce modèle va perdurer (en tailles différentes suivant les modèles de 1854, 1856, 1858 et 1860. Les aigles de 1854 et 1858 mesurent 14cm de haut tandis que ceux des modèles 1856 et 1860 sont hauts de 12 cm).


- Plaque de shako troupe du modèle 1856 ou 1860 du 17ème de Ligne :


- In situ, shako modèle 1860 d'un officier du 5ème de Ligne (qui participe à l'Expédition Française de Syrie en 1860-1861 ; en 1870 ce régiment est engagé à Sedan et les éléments non faits prisonniers à l'issue se retrancheront dans la garnison de Metz) :


Cordialement, zeb