Grenades d’exercice françaises

j’ai essayé de synthétiser des infos sur les grenades d'exercice de l’armée française. Météo bof, j’ai un peu de temps, je me décide à mettre tout ça en ordre. Au fil des posts que j’ai pu lire sur le site Passion Militaria, et des apports des uns et des autres : les plus âgés d’entre nous ont connu les modèles en tôle, très proche de la grenade offensive DF37, et les plus jeunes en plastique bleu. Voici donc un petit laius sur les « grenades à plâtre », que j’espère vous pourrez compléter au fur et à mesure par vos connaissances, anecdotes. Bref on va faire du collaboratif.





Fiche technique
Taille : 53 mm sur 73 mm sans allumeur
Profil : corps en plastique. Cette grenade a la forme générale de la grenade Mle 37/49 introduite en remplacement des modèles d'exercice métalique vers les années 70. Dans les années 90, le tube en plastique contenant la capsule de poudre noir a été soudé au corps par un poinçon. Ceci pour éviter aux utilisateurs de remplacer le plâtre par des substances dangereuses ou désagréables (qui a testé la grenade à plâtre remplie de bouse de vache sur l’adjudant chef ?)



Poids :
un poids de 107 g, corps lesté d’un mélange plâtre/talc et de perchlorate de potassium pour la mise à feu (Le perchlorate de potassium est utilisé dans les amorces de munitions, les amorces explosives, les feux d'artifice et les propulseurs). Le corps est chargé de 90 g sulfate de barium et de talc alors que la charge d’éclatement est de 3 g.

Allumeurs
après le bouchon allumeur Mle 35, à tête en plomb, sont venus les nouvelles versions les plus courantes : F4 (percuteur pivotant), F6 (percuteur verrouillé), avec un retard de 4 à 7 secondes. Le BA F4 n'a été utilisé que durant les premières années 2000, ensuite seuls les F6 sont restés en usage. D’abord en métal, puis en plastique bleu. http://titus2h.e-monsite.com/pages/contemporaine/46-allumeurs-automatiques-contemporains.







Attention : ne pas utiliser sur les grenades d’exercice les bouchons allumeurs des fumigènes ou grenades lacrymogène, dont le retard est de 2,5 secondes. Il existe aussi un allumeur électrique pour grenade d’exercice (BT 19G) commercialisé par Ruggieri, mais à ma connaissance pas utilisé dans l’armée française.
Les marquages : X (exercice) PK dans un cercle (pour Perchlorate de potassium) et les marquages de lots (Lots – itiniales fabricant et deux derniers chiffres pour l’année). Les ancien marquages sont jaunes alors que les plus récents sont marron clair coyote.


Fabricants
Il y a eu plusieurs fabriquants de grenades d’exercice :
S A E Alsetex
EAB établissement d’armement de Bourges
ATS Ateliers de Tarbes
L X T Société Lacroix à Toulouse
R M X Ruggieri usine de Monteux
RYN ou RY entreprise REY (Nimes)







La loi
La grenade d’exercice est classée en catégorie A d’arme de guerre. La presse est pleine d’articles racontant la découverte de grenades d’exercice retrouvées dans des déchetteries ou jetées dans des poubelles. Sa détention – comme son usage – est interdite. Aux termes de l'article 3 de la loi du 19 juin 1871, tout individu, fabricant ou détenteur, sans autorisation et sans motifs légitimes, de machines ou engins meurtriers ou incendiaires agissant par explosion ou autrement, ou d'un explosif quelconque, quelle que soit sa composition, sera puni d'un emprisonnement de 6 mois à 5 ans et d'une amende de 180 000 francs à 200 000 francs. A ce rythme, beaucoup de bidasses auraient fini sous les verrous, rapportant à la maison une grenade à plâtre pour épater les copains…



L’Emballage
Jusqu’à la fin des années 1990, les grenades d’exercice sont conditionnées dans des caisses en bois de 20 grenades. Les poches de grenades sont livrées avec un petit bouchon bleu. Elles sont livrées avec 10 boites en alu de bouchons allumeurs conditionnés par deux. La caisse une fois pleine : 11 kg, a les angles de couleur bleu exercice. C’est exactement la même que celle des grenades offensives, mais là les angles de caisse sont jaunes pour les grenades réelles. Souvent la caisse servait une fois utilisée pour le feu du bivouac. Et les petits containers en alu des bouchons allumeurs servaient de godet à huile pour les interminables séances de nettoyage d’armes.







A partir des années 2000, le conditionnement des grenades d’exercice est passé en cartons de vingt grenades, moins cher et plus écolo à produire.

Le tir
La grenade d’exercice permet, outre des conditions d’entrainement plus réalistes, d’entrainer les soldats avant le tir de grenades réelles. Contrairement aux héros d’Hollywood, on ne garde pas la grenade dégoupillée en main en comptant les secondes. On la lance après l’avoir dégoupillé et en lachant la cuillère qui déclenche le percuteur. Il arrive parfois un incident avec le bouchon allumeur qui part violemment.

La fiche de présentation actuelle de la grenade d'exercice


La grenade à allumage électrique, non utilisée à ma connaissance dans l'armée française



Le démontage de la grenade d'exercice


Une vue en coupe de la grenade d'exercice


Et voilà, j'espère que ce petit travail partagé vous sera utile. N'hésitez pas à l'enrichir pour que l'on complète tout ça.

Bonsoir,

Merci pour ce post intéressant et instructif.
Il me semble qu'il y a un autre fabricant : RMS

merci pour cet article très bien illustré !

mon souvenir de ces grenades pendant mon service (96/10) :

après une marche de nuit notre instructeur nous dit d'aller dans des trous d'hommes pour se reposer en attendant que le capitaine arrive .
Ce sous-off prépare le café du pitaine dans une gamelle sur un esbit ...

Le capitaine arrive ... RASSEMBLEMENT !!!

Un copain manque ... il dort dans son trou ...

Après plusieurs appels le sous-off prend une grenade d'exercice et lui balance dessus ...

Mon copain se réveille ... il voit arriver la grenade sur lui... il la réceptionne ... la relance sur le sous-off ...

La grenade explose ... juste à coté de la gamelle ... 2 cm de plâtre dans le café de l'officier ...

Un geste très dangereux ... mais tellement mythique !

bonjour
merci de ce partage

Bonjour,
très bien!
Une autre blague avec une grenade à plâtre: le matin entrer dans la tente collective en manoeuvres en faisant mine d'éternuer pour étouffer le pschitt que fait la grenade en la dégoupillant, et l'envoyer sur un lit occupé.
Bon, le sac de couchage qui la reçoit peut subir quelques dommages...

Ou pour montrer la puissance du seul détonateur, placer un casque lourd sur un bouchon allumeur nu et dégoupillé et voir ce casque sauter en l'air de quelques dizaines de centimètres.
Cordialement,
CG

GRAND MERCI "Gribich" pour ces explications énormément intéressantes !

Mais une question pour photo Numéro 2: Pourquoi deux couleurs - noir et bleu ?!? Ca veut dire quoi s.t.p.

MERCI d'avance !

Crevette a écrit:

Bonjour,
très bien!
Une autre blague avec une grenade à plâtre: le matin entrer dans la tente collective en manoeuvres en faisant mine d'éternuer pour étouffer le pschitt que fait la grenade en la dégoupillant, et l'envoyer sur un lit occupé.
Bon, le sac de couchage qui la reçoit peut subir quelques dommages...

Bonjour,

J'ai connu ce genre de réveil sous la tente... Avec le sac de couchage d'un camarade bien déchiré...

Il y a aussi ceux qui s'amusaient à faire sauter le sertissage du bouchon pour remplacer le plâtre par de la bouse... Je connais un chef qui a finit par se se taillader la main avec son couteau en cherchant à faire sauter ledit sertissage...

Amicalement.

Bonjour

Bon travail de synthèse !
Durant mes classes, en exercice on devait sauter dans le premier fossé venu dès qu'un zozo de l'encadrement criait "GRENADE !!!!" .
J'ai bien fait l'exercice : j'ai sauté dans le fossé....................mais sur la grenade lol !
Je ne m'en suis rendu compte qu'après, j'étais le seul avec un treillis passablement blanchi !
Déjà mort après 3 semaines de classe

Bonjour, j'en ai une qui est rangé dand mon garage offert par mon beau -père ?

Bonsoir.
On pouvait bricoler l'engin en introduisant une cartouche à blanc de 9mm afin de faire un retard zéro pour le piégeage.
On chuintait la mèche lente et l'amorce, la percussion se faisait sur l'amorce de la munition.
Je ne pourrais pas vous donner les détails car celui qui devait me le montrer se l'ai fait péter à la face et a perdu une partie de son audition.

Pas moyen de démonter l’amorce ?

Cathelineau a écrit:

Crevette a écrit:

Bonjour,
très bien!
Une autre blague avec une grenade à plâtre: le matin entrer dans la tente collective en manoeuvres en faisant mine d'éternuer pour étouffer le pschitt que fait la grenade en la dégoupillant, et l'envoyer sur un lit occupé.
Bon, le sac de couchage qui la reçoit peut subir quelques dommages...

Bonjour,

J'ai connu ce genre de réveil sous la tente... Avec le sac de couchage d'un camarade bien déchiré...

Il y a aussi ceux qui s'amusaient à faire sauter le sertissage du bouchon pour remplacer le plâtre par de la bouse... Je connais un chef qui a finit par se se taillader la main avec son couteau en cherchant à faire sauter ledit sertissage...

Amicalement.

version confiture suivi de kaka..
mea maxima culpa

Bonsoir Gribich

Et grand merci pour ce dossier complet et bien intéressant !
Etant à l'époque ( 1977/1979 ) dans la Marine, j'ai très peu utilisé ces types de matériels.
A part lors d'un corps de débarquement et d'exercice dans une île paumée de Nouvelle-Calédonie.

En revanche, grâce à toi, je viens de faire exploser mon garage et une partie de la maison en testant une de ces saletés qui trainait au fond d'une armoire depuis des années !!!
En fait , n’ayant pas mes lunettes sur le nez, j'ai dû me gourrer avec une vieille grenade  à fragmentation britannique Mills de la WW2.

@+++ Gérald