Corps Royal d'Artillerie

Bonjour,

Voici un extrait d'un tableau de notre collection qui représente les différents stades de la manipulation d'un canon - du chargement au tir en passant par le nettoyage du canon,

Je me demande si ce tableau montre bien des artilleurs français. Ils portent un sabre dans un ceinturon qui est porté en sautoir. Les anses des canons semblent bien être des dauphins.
D'autres représentations montrent un uniforme similaire: veste bleue, pantalon rouge.
Qu'en pensez vous?
Cordialement. Ps09

Bonjour,
Quelques réflexions sur ces deux tableaux.

Le premier tableau semble de la fin du 18e début 19e siècle.
La pièce en service malgré une bouche de canon de gros diamètre parait être de petit calibre vu la taille des roues ; une pièce régimentaire ou une pièce de 1 ou 3 livres ?
La tenue habit bleu veste, parement , revers collet veste et culotte rouge, guêtres noires.
L’élément le plus original est la cocarde blanche à centre rouge, surmontée d’un petit plumet noir et blanc à la pointe.
Sabre porté à la grenadière.

Peut être français, mais pas forcément ; hollandais/batave… ??


Second tableau, ici ce sont bien des soldats français.
Une scène de siège avec des soldats au repos, d’autres actifs devant une ville assiégée.
Ce type de représentation en particulier les attitudes des soldats est dans le style du manuscrit dit de 1757 dont les planches sont sorties de l’atelier de Parrocel entre 1746 et 1757 ou celui des gouaches et huiles de Le Paon.
On voit deux soldats d’infanterie assis "décontractés" en habit blanc sans revers, veste, collet et parements et retroussis bleus, boutons jaunes ? bonnet de service à la dragonne, guêtres blanches. La culotte de couleur distinctive bleue est non règlementaire sans être exceptionnelle. L’absence de poches ne permet pas de déterminer un régiment précis.

Un artilleur tenant un fusil dont on se demande ce qu’il fait.

Un autre artilleur ayant quitté son habit, en veste, penché sur un tonneau ouvert. Détail amusant on lui voit bien le blanc de la chemise dans le haut de la culotte qui correspond à l’ouverture en soufflet de l’arrière de la culotte où un laçage permet de faire tenir la culotte, il n’y a pas de ceinture !
Il faut noter qu’il y avait peu de caisses à usage militaires quadrangulaires comme on les connait, la plupart des objets destinés à l’armée étaient entonnés, c’est-à-dire mis en tonneaux : cordages, outils des mineurs, harnais de chevaux, etc.

Autre chose intéressante l’affut de canon au second plan est rouge. Les effets de l’artillerie ont été jusque ... vers le milieu du 18e peint en rouge brique comme ceux de l’intendance. Il y a surement une date, une instruction pour le passage au bleu pour distinguer les équipages et pièces du service de l’artillerie, mais je n’ai jamais trouvé trace de ce texte probablement entre 1720 et 1750 ce qui est très large, mais on trouve des représentations contemporaines de pièces d'artillerie peintes en rouge ou en bleu durant cette période ( de transition ?).

Merci du partage.
Jean-Louis

Bonjour,

Merci pour votre analyse et aide précieuse.
Voilà le tableau en entier avec les reflets dus aux vitrines


Concernant l'outil que porte ce soldat je pense qu'il peut s'agir d'une lanterne avec laquelle il est en train de prélever de la mitraille dans le baril. La qualité de l'image est assez médiocre.



Concernant la couleur des affuts j'ai plusieurs modèles d'artillerie et j'en connais en collection qui ont des roues et essieux rouges avec les flasques en bleu (souvent viré au vert foncé). Ceci concerne les modèles du XVIIè siècle et du sytème Vallière. Tout cela reste un mystère.
Bien cordialement. Ps09

Bonsoir,

Tir à la mitraille ? Possible, mais non
Il est tout à fait possible que l’artilleur en veste se penche sur le tonneau pour attraper une gargousse de mitraille pour la placer dans la lanterne que tient le second artilleur.
Les gargousses de mitraille sont des sachets fait soit de toile ou de parchemin pour contenir de la mitraille "vieux fer comme des têtes de clou et autres menues ferrailles qui servent à charger les canons".
On fait aussi des cartouches (boites) de mitrailles avec des feuilles de fer banc quand on veut qu’elles ne se dispersent pas trop vite.

Non parce qu’à priori c’est un siège et que l’on utilise la mitraille pour tirer sur une troupe qui s'avance sur un champ de bataille et qui se trouve à moins de 600 pieds (200 mètres).
La position du tube du canon est alors horizontale position que l’on appelle aussi de but en blanc.

Bien que l'usage de cette expression ait disparue de nos jours, la mitraille veut déjà dire au 18e siècle la menue monnaie comme les doubles liards, deniers et autres semblables espèces de billons.

L'adoption de cette couleur bleu par l'artillerie reste un mystère.

A propos du premier tableau, on retrouve toujours le même plumet au chapeau des autres artilleurs.

Cordialement,
Chevert

Bonjour Chevert,

Vous avez une vue bien plus différenciée que moi, vous mettez les choses dans le contexte historique alors que moi je ne fais qu'observer.

Votre rigueur scientifique vous honore. Merci pour toutes ces remarques
Bien cordialement. Ps09

Bonjour,
encore de très beaux tableaux !
Concernant le second, je pense que les soldats qui se reposent en premier plan sont de Poitou infanterie et que la scène se déroule pendant la guerre de succession d'Autriche. Peut-être en Bohème ou en Bavière vers 1741/43, ce régiment ayant été transféré à l'armée des Alpes en 1744.

comme on le voit sur le soldat de gauche dans le tableau, le col est bleu , la cravate  est bien noire, poches en long, mais on dirait qu'il n'y a que quatre boutons...

Bonjour,

Merci pour cette recherche.
Ps09

bonjour
merci pour le partage
félicitation vous avez un beau tableau, et les représentation hyper détailler sont magnifique
cordialement