BUVEZ FORT, IL EST BON : gourde d'un chasseur du régiment de VERMANDOIS

Voici la transcription des documents trouvés par jp4970 :

DOC 1

[reçu le 16, répondu le 19→ Juin 1815]
À son Altesse Royale Monseigneur le Duc d’Angoulême
Monseigneur,
Joseph Assaillit natif de Perpignan en Roussillon, chef de bataillon, chevalier de l’ordre
royal et militaire de Saint-Louis, résident à Garriguella en Catalogne, a l’honneur d’exposer à
V.A.R. qu’il est au service des Bourbons soit en France, soit en Allemagne, soit en Espagne depuis
1779 qu’il entra dans le régiment de Vermandois. [Comme soldat]
En 1791, il émigra, et fit la campagne des Princes en 1792 ; à la fin de cette année, l’armée
des Princes fut licenciée, et il passa en Espagne, où il entra dans le régiment de Vallespir [comme
sergent] ; i fit les campagnes de 1793, 94 et 95 ; l’Espagne ayant fait la Paix, forma un régiment
d’émigrés sous le nom de Bourbon, dans lequel il fut placé au grade de [sous-] lieutenant. Depuis, il
a servi continuellement dans ce corps jusqu’en 1810 qu’il fut fait prisonnier à la rédition de la place
de Gironne, il était dans ce moment capitaine gradué de lieutenant-colonel.
Il était prisonnier de guerre en France [au dépôt de Châlon-sur-Marne, puis conséquemment
il doit avoir prêté serment à l’intrus Joseph], lorsque S.M. Louis XVIII est remonté sur le thrône et
elle lui a fait l’honneur de lui accorder la décoration de la Croix de Saint-Louis et de la maintenir
dans son grade de lieutenant-colonel.
Une seconde fois la Providence a fourni à l’exposant l’occasion de donner à S.A. une preuve
de son respectueux et inviolable dévouement. Bonaparte ayant envahi le territoire français,
l’exposant allait, conformément à son devoir tracé dans les Statuts de son ordre, joindre S.M.
lorsque le conseil du département des Pyrénées-Orientales l’a retenu pour se mettre à la tête des
Volontaires Royaux du Roussillon, duquel corps il fut nommé commandant.
Il a travaillé en cette qualité à la formation de ce corps et trois compagnies étaient déjà
formées, deux étaient parties, l’une d’elles a eu l’honneur de joindre vos bannières à Valence,
l’insurrection qui a tout changé empêcha la troisième de partir.
L'exposant, ne pouvant plus se rendre auprès de S.M. ni des Princes, crut devoir demeurer en
France pour diriger au profit de la Sainte Cause qu’il défend depuis vingt-cinq ans l’influence qu’il
pouvait avoir en Roussillon, et il avait déjà réuni sous la bannière du Lys environ six-cents hommes,
lorsqu’il fut arrêté par les ordres du préfet à Saint-Laurent-de-la-Salanque. Les gendarmes le
conduisaient déjà à Perpignan, mais il fut enlevé de leurs mains par une multitude de femmes
dirigées par le Royalisme qui anime cette commune.
L’exposant aurait encore essayé de demeurer en France ; mais il reçut l’avis salutaire de se
sauver par la suite, s’il ne voulait être arrêté une seconde fois pour être fusillé de suite.
Dans une telle conjoncture, l'exposant, ne pouvant plus servir la cause de son roi en France,
s’est rendu en Espagne pour offrir à V.A.R. ses services dans le grade qu’elle jugera à propos de
l’employer, trop heureux de recevoir les ordres de S.A.R. pour la prospérité de laquelle il ne cessera
d’adresser au Ciel les vœux les plus ardents.
Le Chevalier Assaillit.

DOC 2

[reçu le 23 juin → 1815]
À son Altesse Royale Monseigneur de Duc d’Angoulême
[voir la lettre du 19 juin qui y répondait d’avance]
Monseigneur,
Joseph Assaillit, chef de bataillon, chevalier de l’ordre royal et militaire de Sain-Louis, originaire de
Perpignan en Roussillon, a l’honneur de vous représenter que, de retour de Paris et à l’acclamation
de ses concitoyens, il fut nommé par le préfet du département, commandant de celui qui était formé
pour marcher sous les drapeaux de V.A.R. , dont la première compagnie a eu seule l’honneur de
combattre sous vos yeux, du côté du pont Saint-Esprit.
Depuis cet évènement fatal, l’exposant dût quitter sa résidence ordinaire, et errer çà et là, au
point que rencontré par des gendarmes, au village de Saint-Laurent-de-la-Salanque, où les habitants,
en général, sont bien pensants, il fut arrêté ainsi que le sieur François Cavaillers, qui était avec lui :
ils auraient été même conduits à Perpignan sans le concours des femmes accourues, qui les firent
relâcher, ce qui les détermina à s’embarquer aussitôt et venir ensemble se ranger sous la bannière
des lys, stationnée au lieu de Garriguella en Catalogne.
L’exposant étant venu à Figueras pour présenter ses hommages à M. Le vicomte d’Escars
[Descars], maréchal de camps, votre représentant, s’est vu arrêté et transféré comme prisonnier au
château pour avoir, lorsqu’il était en France, prêté serment à Napoléon.
L’exposant conviendra de sa faiblesse, mais il suppliera V.A.R. de prendre en considération
le motif résultant de sa misère la plus atroce, qui ne lui laissait aucun moyen pour exister ; mais à
peine apprit-il la restauration de son monarque légitime qu’il abandonna son cantonnement, comme
lieutenant-colonel, prisonnier espagnol, fait à Gironne, pour aller se jeter aux pieds de Louis le
Désiré, qui venait d’arriver à sa capitale.
Dès ce moment, il ne doit plus être considéré comme tenant au service d’Espagne, mais bien
à celui de son légitime souverain, en vertu du serment solennel tout récemment prêté, à l’occasion
de sa décoration, et de la pension de retraite qui lui a été accordée pour ses bons services.
Dans cette confiance, l’exposant a l’honneur d’espérer des bontés de V.A.R. ; que vous
daignerez solliciter son élargissement et lui accorder la grâce d’aller continuer son service au
bataillon des Volontaires Royaux en résidence aujourd’hui au village de Sisteille en Catalogne dont
il était avant commandant.
Au château de Figueras, ce 25 juin 1815.
Le chevalier Assaillit.

DOC 3

En considération de ce que V.E. m’a exprimé dans sa lettre du 11 courant, j’ai donné l’ordre
pour que Mr. Assaillit soit accompagné jusqu’aux frontières d’Espagne et de France, et qu’il soit
renvoyé dans son Pays.
Barcelone, le 13 juin 1815
Marquis de campo Sagrado


Bien à vous,

Alexandre.