Ensemble élève administrateur des colonies - fin années 1920/début années 1930

Bonjour à tous,

Une belle curiosité vient compléter les éléments concernant le corps des administrateurs des colonies. Il faut expliquer tout cela.

D'abord, une description des éléments :
- une très belle casquette, d'un fabricant bien connu pour la qualité de ses réalisations : H. Bailhache, au 41 de la rue Richelieu à Paris. Le bandeau ne comporte aucune broderie, juste une rangée de dents de scie surmontant une rangée de paillette et un guipé. La coiffe est blanche et amovible, mais bien solide ici. Sur la jupe de la casquette, nous trouvons un macaron représentant le symbole du corps des administrateurs des colonies : ancre et croissant. Tous les éléments sont couleur argent. La bande de sudation est couleur crème, en bel état.
- une paire de pattes de collet sur le modèle 1939 de l'armée, aux symboles du corps, couleur argent.
- une paire de pattes d'épaules amovibles composées en bordure d'un câble et dents de scie, et le symbole du corps en partie supérieure. Deux passants assez élastiques se trouvent à l'arrière pour les passer dans l'épaulette.

Alors, quelles « bizarreries » ici ?

La première, c'est la casquette : oui bien sûr, on a porté la casquette dans le corps, j'ai pu en décrire plusieurs par le passé. Mais, cette casquette n'apparaît qu'au décret du 25 avril 1933, pour remplacer le képi alors en vigueur depuis 1896, puis 1922 avec le symbole du corps (croissant et ancre). Seulement, c'est la couleur or qui apparaît aussi sur les casquettes, et non pas l'argent (en vigueur depuis 1896). Premier point donc. Alors, on pourrait penser que c'est une casquette de transition, autour de ce texte du 25 avril 1933, puisque le port de l'ancienne tenue est autorisé jusqu'au 31 décembre 1933. Mais, là encore, non, à mon sens, puisque les casquettes sans broderies centrales ne sont pas concernées par ce décret. Alors on creuse encore, et on va vers les élèves de l'école coloniale, celle qui forme les futurs fonctionnaires des colonies, comme les administrateurs. La casquette portée par les élèves correspond le plus à ce que nous avons ici, décrite à l'arrêté du 7 mars 1934 : « casquette confectionnée en drap bleu et du même modèle que celle des administrateur des colonies, mais en supprimant la broderie insigne de grade », autrement dit, un bandeau sans feuillages. Oui, mais on devrait être sur la couleur or, non argent... Encore un échec, d'autant plus que la casquette semble de confection postérieure à 1945 (je reviendrai là-dessus).
De plus encore, pourquoi une coiffe blanche pour les élèves qui sont à Paris ?
J'en arrive à l'hypothèse d'un élève de l'école, qui devait faire sa période de stage aux colonies, donc a choisi la coiffe blanche, plus adaptée. En effet, le directeur de l'ENFOM, l'Ecole nationale de la France d'Outre-mer (nom donné en 1934 à l'école coloniale par l'arrêté en date du 21 décembre), Robert Delavignette (directeur de 1937 à 1946) a encouragé les voyages d'études. Un stage de pratique obligatoire est institué par Delavignette, stage qui devient un passage quasi obligatoire dans les années 1950. Ce stage durait huit mois. Peut-être donc est-ce la casquette portée par un élève lors de cette période ? Ou bien, un élève destiné à d'autres carrières, dans la justice aux colonies, le corps des inspecteurs des colonies ?

La deuxième sont ces pattes de collet, qui vont dans le sens des constatations évoquées pour la casquette : du modèle 1939, couleur argent pour la symbolique du corps : cela fait pourtant 7 ans que l'on est passé à la couleur or...

Le seul élément qui ne souffre pas de contestations sont bien les pattes d'épaules : elles correspondent à la description des uniformes des administrateurs des colonies du 29 décembre 1922 : « patte d'épaule rigide en drap noir […] les bords garnis d'une broderie de dents de scie d'argent appuyées sur un câble et comportant à la partie supérieure l'attribut. […] Les administrateurs stagiaires n'ont pas de broderies ». Tiens, on revient à cette hypothèse d'un stagiaire...

On aurait donc un ensemble particulièrement atypique post 1945, qui est vraiment en décalage avec le règlement, ce qui ne serait guère surprenant, mais tout de même vu le clair éloignement au regard de la couleur et des éléments qui, ensemble, sont anachroniques. A moins d'un point de règlement m'ayant échappé.

Cordialement.

Bonjour Thomas

Je ne suis évidemment pas en mesure de te donner la réponse dans un domaine qui m'échappe totalement mais hors de tout contexte précis, j'apprécie hautement le cheminement et la pertinence de ton investigation...Juste passionnant!

Bonjour AUBRAC,

merci pour ce message. Il est vrai que cet ensemble me questionne particulièrement. D'ailleurs, il a fallu batailler pour se le procurer.
Si cela se trouve, je suis tout à fait à côté de la plaque, que le raisonnement est en réalité simple. Si c'est le cas, je suis curieux de le savoir.

Amicalement

bonjour,

merci du partage, vraiment une bizarrerie mais intéressante acquisition ,

collectionnement

Bonjour miliww,

merci pour votre message. Me rejoignez-vous dans l'hypothèse d'une casquette portée par un stagiaire de l'ENFOM ? Ou pensez-vous qu'une autre piste est possible ?

Amicalement

bonjour,

l'hypothèse d'une élève est fort possible ,bien que cela soit étonnant qu'un maitre tailleur est fait une telle pièce sans se renseigner avant ? mais pourquoi pas j'ai vu pire chez une maitre tailleur ; ou alors un nostalgique de l'époque ou il était élève et a fait faire cette casquette pour se rapprocher le plus proche possible de ce qu'il avait connu au début de sa carrière ?

comme elle est assez atypique , je conçois et j'aurais fait de même et bataillé pour cette pièce ;

collectionnement

Merci miliww. Je n'avais pas pensé à l'hypothèse de la nostalgie : un élève dans les années 1920, ayant fait carrière ensuite, et désireux de se refaire une coiffe en souvenir, ensuite.

Salut Thomas,
belles pièces....L'explication est bien plus simple.
En 1922 arrivent les nouveaux insignes du corps...ancre et croissant, la broderie reste argent comme de regle depuis 1896. Elle passe or en 1933.
Mais, si c'est bien le képi qui est de règle sur la tenue de 1922, comme dans d'autres corps (diplomatique entre autres) la casquette bien plus pratique et plus à la mode, arrive bien avant 1933, année qui seule officialise son port dans la nouvelle tenue.
Les casquettes se rencontrent de plus en plus vers 1930....
Cet ensemble d'élève administrateur date surement de ces années, juste avant 1933, qui précèdent et préfigurent la nouvelle tenue de 1933.
Cordialement

Bonsoir Jérôme,

Merci pour cet avis. J'aimerai beaucoup que cela soit cela, un ensemble de la fin des années 1920, début des années 1930, pour élève. 

Seulement, les matériaux de la casquette, notamment de la visière et du jonc, en plastique, tout comme le marquage de chez Bailhache, me laissent perplexe. C'est d'ailleurs la base même de mon interrogation, car ces éléments m'amènent plus à penser à une casquette post 1945. 

Amicalement

La maison Bailhache exerce en la matière depuis la fin des années 1880...


et on est bien sur un logo style années 30....Après si la visière est en synthétique...là je ne comprends plus.

Je vous ferai demain une photo de cette visière. 

Merci en tout cas pour ces éléments intéressants.

Merci Thomas.

Bonjour Jérôme,

voici d'autres photos de la visière et ses éléments :


Amicalement

Cette visière n'est pas en plastique...
Elle est en cuir, enduite, typique des coiffures années avant guerre 39-45...
De plus le bandeau de sudation lui aussi est en cuir et de fort belle qualité.
Regarde cette casquette de préfet de 1938 (broderie argent, identifiée pas de doute sur son époque)
Visière dessus en cuir enduit (typique avec ces traces comme enfoncées dans la matière goudronneuse), stries typique en dessous....ça brille beaucoup mais c'est pas du plastique!
Pour moi je confirme mes précédents propos.

Bonjour,

un grand merci Jérôme. C'est donc cet enduit qui m'a induit en erreur.
Très content donc ! Une bel ensemble de stagiaire fin des années 1920-début des années 1930.

Amicalement

Une bien belle pièce!
Tout colle au niveau époque (couleur broderie, logo fabricant, matières utilisées et qualité d'exécution.
Bravo!
Tout ça a cause du fameux "enduit en erreur"!!!
Amitiés.

C'est tout à fait cela !
Vraiment content, rassuré que la bizarrerie n'en soit pas une.
Ensemble atypique et qui me plaît beaucoup.

Malheureusement, il reste une déception : il est anonyme.

Amicalement

Bonjour,

en image les deux casquettes d'élève de l'Ecole coloniale : l'exemplaire présenté ici, transition entre le képi et la casquette, fin des années 1920/début des années 1930; et l'exemplaire de droite conforme à l'arrêté du 7 mars 1934, cet exemplaire étant lui aussi des années 1930.

Cordialement.

Bonjour,

Félicitation d'abord pour les magnifiques objets que vous présentez! Et pour les questions et les réflexions qui en ont découlé!

Fort intéressant, avec notre spécialiste des tenues à broderie en renfort

Merci pour ces beaux partages et cet article fort instructif

Amicalement

Bonjour Yeng-Wang-Yeh,

Merci a vous pour votre message.

Amicalement

Bonsoir Thomas,
un bien beau duo...Bravo!
Amicalement

Bonsoir Jérôme,

Je vous remercie. Ces deux casquettes font ma joie, connaissant la difficulté à les trouver.

Amicalement

Bonjour
Belles trouvailles avec des recherches sympathiques
Félicitations
@++

Bonjour,

Merci bien.

Cordialement

bonjour Thomas

belle acquisition ! les petits grades sont parfois les plus compliqués à trouver
En revanche je suis étonné des boutons de jugulaire lisses. Ne devraient ils pas reprendre le motif de l'ancre et croissant ?

cdt

Vincent

Bonjour Vincent.

Merci à vous. Oui on pourrait penser à des boutons au motif de l'administration coloniale. Mais comme parfois, règle et pratique...

Amicalement