Quiz révolutionnaire

Le quiz révolutionnaire du jour en télétravail :
Voici trois sabres de grosse cavalerie de ligne et de dragons, de fabrication révolutionnaire selon le modèle de 1784, avec une garde à fleurons, et une monture en laiton.






Sauriez vous les classer du plus ancien au plus récent, et sur quel argumentaire ?

Bonjour,

Déplacement au bon endroit.

Cordialement

Merci poddichini

Bonjour,

Si je prends la première photo, Je dirai qu'ils sont dans l'ordre chronologique !

Le plus ancien est le premier: avec son œil de dragonne et sa fleur de lys mutilée c'est un modèle Ancien Régime qui a vécu la Révolution. Il me semble toutefois y voir un poucier et un bout de branche de garde de l'An CCXXIX de la République !

Le second est produit à partir de 1792 avec son bonnet phrygien et son faisceau. Pointe non ramenée en langue de carpe en 1796.

Le dernier avec sa virole, son couvre-chape et son filigrane non torsadé est produit à partir de 1796.

Suis-je dans l'erreur ?

Amicalement.

Bravo Cathelineau !
Le premier, sur le modèle de 1784, est le plus précoce. Les pétales latéraux de la fleur de lys ont été sectionnés, la transformant en un faisceau de licteur rudimentaire. La poignée est recouverte d’une basane noire filigranée d’un fil de laiton torsadé, Une virole termine le bas de la poignée maintenant une pièce de pouce en cuir. La calotte ovale découpée en accolade comporte un trou de passage de la dragonne. La lame droite à deux pans creux mesure 975 mm de long et a une pointe dans le prolongement du dos. Sa largeur au talon est de 36 mm, son épaisseur de 10 mm. le talon est poinçonné d’un faisceau de licteur, poinçon de réception créé par l’administration de la guerre en 1793, et utilisé par klingenthal jusqu’en 1798. Il n’y a pas de marquages ou de poinçons sur la monture.

Le second, également sur le modèle de 1784, a du être fabriqué au plus fort de l’activité des ateliers nationaux. présente une lame de fabrication plus simple, plate de 970 mm de long avec pointe dans le prolongement du dos, poinçonnée du faisceau de licteur. La largeur au talon est de 36 mm, avec une épaisseur de 10 mm. La monture en laiton comporte un bonnet phrygien et des faisceaux de licteur, elle est poinçonnée du coq et du marquage du fourbisseur parisien Dumont. La poignée est recouverte d’une basane noire filigranée d’un fil de laiton torsadé.

Le troisième sabre est du modèle de l’an IV. Il a du être fabriqué durant le directoire. La lame mesure 965 mm de long avec une pointe dans le prolongement du dos. Elle a un talon plat sur 60 mm avec un pan creux se prolongeant jusqu’au biseau, épais de 11 mm et large à sa base de 36 mm. Les marquages : Mture de Klingenthal sur le dos de la lame, poinçons de B.P.C. Levavasseur, inspecteur de mars 1798 à septembre 1803, et de J.J. mouton, inspecteur civil de novembre 1793 à mars 1798 sur la monture et la lame. La monture en arco à bonnet phrygien et faisceaux de licteur, est du modèle de 1784. La poignée est recouverte d’une basane noire surliée d’un double fil de laiton non torsadé. Il y a une cuvette de fourreau.

Et effectivement le premier vient d'être soigneusement restauré

Je reviens sur le premier, étrange de trouver une monture à fleur de lys (donc antérieure à 1792) et une lame au faisceau de licteur (donc poinçonnée à partir de 1793).
Un sabre Ancien Régime devrait porter une lame avec les poinçons de la Manufacture royale de Klingenthal, et pas une lame juste poinçonnée du faisceau ?
Ne serait-ce pas un changement de lame ?


PS. Oui, j'ai vu quelques photos de la restauration.
Ca avait été l'occasion de débattre un peu avec Choumac sur jusqu'à doit-on restaurer et s'il faut ou non réparer les branches cassées.
En tout cas le travail est très bien fait !

"réparer ou non les branches cassées" là je pense que oui. La même casse en 1793, on aurait réparé, de quelle façon, j'avoue ne pas savoir.
Pour en revenir à ce sabre, j'avoue avoir été surpris de l'absence de poinçons sur la monture.

Un atelier national aurait-il pu récupérer une monture sortie du stock de Klingenthal (non encore contrôlée) ? Se contentant de la mutiler et monter ?
Monté peut-être moins bien qu'en Manufacture d'ailleurs ? Le bris n'était peut-être pas un hasard ?
Beaucoup de pièces révolutionnaires de fabrication privée sont montées plus ou moins en force d'où des bris réguliers de branches de garde.

Ca expliquerait l'absence de poinçons de Manufacture sur la monture, le poinçon au faisceau sur la lame et le bris.

La fusée n'est pas un peu plus longue que sur les autres ?

Cathelineau a écrit:

Un atelier national aurait-il pu récupérer une monture sortie du stock de Klingenthal (non encore contrôlée) ? Se contentant de la mutiler et monter ?
Monté peut-être moins bien qu'en Manufacture d'ailleurs ? Le bris n'était peut-être pas un hasard ?
Beaucoup de pièces révolutionnaires de fabrication privée sont montées plus ou moins en force d'où des bris réguliers de branches de garde.

Ca expliquerait l'absence de poinçons de Manufacture sur la monture, le poinçon au faisceau sur la lame et le bris.

La fusée n'est pas un peu plus longue que sur les autres ?

Très possible, pendant quelques années après 1793 la qualité était très approximative, et les standards assez variables, dont celles des poignées...

En effet, sur les montures par nature fragile comme les "petits Montmorency" c'est encore plus visible. Et du coup c'est intéressant à étudier car on voit clairement les différentes gammes avec du montage rapide, massif et médiocre par des hommes mois bien formés qui bossent pour la troupe (plateaux brisés de petits Montmorency, oreillons brisés de briquets, ici branche brisée...) et en même temps des armes plus robustes et bien finies pour une clientèle privée plus riche. C'est ce que j'évoque dans mon dernier article sur un sabre révolutionnaire et c'est pour ça que "j'aime bien" les bris, ils parlent un peu.

C'est pour cela que la présentation des 3 sabres est intéressante on voit bien que le 3ème correspond à un rétablissement de critères de qualité avec les poinçons ad hoc. Après 5 années de désorganisation et de pénurie on retrouve la qualité de fabrication de l'ancien régime avec quelque chose de différent.

Mais cette période de levée en masse, de bouillon révolutionnaire est tellement intéressante , ne serait ce que par sa traduction dans les objets, des sabres en l'occurence

Très intéressant : je cherchais depuis longtemps quel sabre d'époque révolutionnaire ou empire pouvait avoir un œil de dragonne. Existerait-il d'autre sabre à "œil" sur cette période ?
Merci.

Nansouty, et malgré cette tourmente Klingenthal a tenu bon tout le long !
Mais elle ne pouvait pas tout faire et était menacée de part sa localisation... D'où les multiples autres centres de production.

Pour Asiate, on la retrouve sur le 1777 de Hussard (du moins les premières productions) et sur des sabres d'officiers à la hongroise.
Et plus tard sur le sabre des Mamelouks de la Garde