Insignes britanniques et canadiennes du débarquement

Insignes britanniques et canadiennes du débarquement

Maurice est né à Luc sur Mer, calvados en 1930, issu d’une famille nombreuse.
Il a donc vécu l’occupation et a été témoin du débarquement sur ces plages, au plus près de celle de Juno investie par la 3ième division canadienne, si j’ai bien suivi mes cours.
Il ne m’a pas parlé à proprement dit de la vie sous l’occupation, juste quelques anecdotes ou un soir s'étant attardé chez des copains, assis sur le porte bagage de son frère ainé, ils ont renversé la sentinelle allemande en surveillance du couvre-feu et ont pris la fuite. Car Maurice, à tout juste 15 ans est assez intrépide, voir inconscient, car je pense que la sentinelle aurait ouvert le feu. Maurice la voit encore gueulée le cul par terre. Peut-être n’a-t-elle pas eu le temps des sommations, à moins qu’ils soient tombés sur un bon gars…comme il y en avait et dans tous les camps.

Autre anecdote ; Les allemands avaient placé un point d’observation à Luc sur Mer sur le point le plus haut (appelé la tour) et renforcé la position du FM avec des sacs de sable. Un soldat s’étant appuyé sur les sacs a été précipité dans le vide et tué sur le coup, une chute de 19m. Je pense qu’il s’agit de la tour St Quentin du XII disjointe de l’église plus récente. La Gestapo est venue enquêter, calmement, et classer « l’affaire » comme accident. Le soldat n’était pas allemand mais originaire des pays de l’est . Un supplétif.




Le 6 juin, Maurice a entendu et vu depuis sa chambre la canonnade dans le secteur d’Arromanches. Artillerie de marine probablement vers Caen, on entendait parait il les obus sifflés. Il s’est précipité vers la plage.
Quel fut son impression ? il me répond toujours la même chose, au mot près : « la mer était noire de bateaux…et de feu… ». Puis les allemands les ont vite chassés vers les terres.
J’en connais beaucoup qui paieraient cher pour être spectateur d’un tel événement. Lui, il l’a vu.
Ils ont pris refuge non loin d’une clairière ou près d’un pensionnat (j’ai dû bafouiller dans ma prise de notes), 25 personnes ont pris refuge dans une tranchée préparée à l'avance et recouverte de bois. On priait.
Vers 16h30, son père est sorti aux nouvelles. Puis les canons de fusils canadiens sont apparus à l’entrée de la tranchée, demandant s’il y avait des allemands ici? ils étaient libérés.
Il y aurait eu quatre victimes (civiles ou militaires ?) sur la commune.





Dans une atmosphère tout à fait singulière, Maurice se mêle après à la troupe qui stationne dans le secteur. On imagine difficilement l’ambiance et l’état d’esprit d’un garçon de 15 ans qui n’a pas froid aux yeux. Trainant un peu partout il « glane » des effets, des insignes et fini par remplir sa cave de militaria…un rêve, mais n’a rien conservé…
un cauchemar…
Il dérobe ainsi des insignes sur des uniformes, coiffes, dans les tentes, sur fils à linge...etc.…mais se fait souvent engueuler et chasser du périmètre.
Il fait la connaissance d’un certain Reginald Draper (l’orthographe doit être assez exacte), il est anglais, arrivé par Arromanches. Draper ne fait pas parti des unités combattantes proprement dites. Il fait parti d’une unité de signalisation routière, et Dieu sait que cela ne devait pas être une mince affaire…





Draper lui confie un ceinturon troupe prit sur le corps d’un soldat allemand tué à Arromanches. Maurice y monte ses insignes que je vous montre aujourd’hui puis lui rend quand le britannique suit son unité en France. Draper survivra à la guerre et sera professeur de français au Royaume Uni.
Fin de la première partie.






En 1984, Draper revient en France et à Luc sur mer, se renseigne et retrouve la trace de Maurice qui a fait sa vie en région parisienne mais revient toujours dans son fief normand. On imagine les retrouvailles, la surprise et surtout ce moment quand l’anglais lui rend le ceinturon intact. Ils se reverront en Angleterre, Maurice et ma tante sont invités dans un restaurent ou un fusil s’expose dans la salle des repas. Draper plaisante : « qu’il est poursuivi par la guerre… ».
Draper décèdera peu de temps après. Maurice me confit qu’à posteriori, Draper se sentant décliné, voulait une dernière fois faire ce pèlerinage en Normandie.
Aujourd’hui, Maurice a 90 ans, toujours alerte et sa mémoire est intacte, l’activité sportive sans doute.
Voilà pour planter le décor.



Cet objet est un parfait exemple de l’état d’esprit militaria. : Un objet chargé d’histoire, l’histoire de témoins, du quotidien, inscrit dans la « grande Histoire ».
Et il y en eut tant.
Je me fais donc un devoir de vous la transmettre avant que les témoins ne disparaissent.
En gardant à l’esprit les drames humains que furent ces conflits.

Ce que j’attends de vous, c’est une identification de cet échantillon des unités britanniques et canadiennes du secteur, ce qui pour les spécialistes du genre, ne devrait pas être trop difficile à faire.

Au boulot les gros, y’a du taf !!!

Stéphane

superbe, merci pour l'histoire et le partage. Je ne peux vous aider ne connaissant rien en insigne anglais. Mais franchement merci pour le récit

Bonjour,
J'ai lu le récit comme une nouvelle.
Je ne saurais aider non plus, mais j'ai bien aimé ce post.
Merci.
ZP

Bonsoir.
Post très intéressant en effet, du coup je participe : Photo 7 à gauche, cap badge ancien modèle du Royal Electrical and Mechanical Engineers.

À côté se trouve un insigne de coiffure du Royal Catering Corps chargé de préparer et d'acheminer la nourriture pour les militaires, le dragon visible plus loin étant l'insigne du Monmouthshire Regiment 1st Battalion.

L'insigne de coiffure avec une corde ( ressemblant à un bretzel ) surmontée d'une couronne est celui du South Staffordshire Regiment, il lui manque semblerait-il le phylactère rapporté portant justement le nom du régiment.

Côté crochet, tout au bout après le dragon : insigne de coiffure des Irish Guards.

La grenade portant la devise " Ubique " : Insigne de la Royal Artillery.

Pour finir pour ce soir côté boucle la croix ayant perdu sa branche sommitale est l'insigne de la Church Lads Brigade, voir ici pour plus de précisions : https://www.greatwarforum.org/topic/169412-church-lads-brigade-clb-badges/



Voilà entourés en vert les insignes déjà identifiés, il est grand temps que je laisse les autres s'amuser aussi...

Super boulot Edward...merci beaucoup.
Quand j aurai fini, je ferai un petit topo à Maurice, j'espère pour noel...
Quand ceux qui ont vécu les événements, il s'intéresse peu au militaria proprement dit, mais ça peut raviver des souvenirs.
Certain qu'il en sera touché.
Encore merci Edward

Mais de rien.
Tant que je suis là je m'occupe aussi des titres d'épaule :

RASC = Royal Army Service Corps

RCASC = Royal Canadian Army Service Corps

Royal Corps of Signals = Transmissions

Corps of Military Police = Police Militaire

RA = The Royal Regiment of Artillery

R. BERKSHIRE = Royal Berkshire Regiment, sur eBay on en voit un similaire donné pour post-1920.



Les insignes identifiés sont biffés, la pince et la tenaille je connais c'est un badge de compétence pour artificiers, mécaniciens, etc. qui est systématiquement donné comme signe d'appartenance au Corps of Royal Electrical Mechanical Engineers ( dont on voit l'insigne de coiffure sur le ceinturon ) mais je n'ai pas encore trouvé confirmation de cela.

EdwardLionheart a écrit:

Mais de rien.
Tant que je suis là je m'occupe aussi des titres d'épaule :

RASC = Royal Army Service Corps

RCASC = Royal Canadian Army Service Corps

Royal Corps of Signals = Transmissions

Corps of Military Police = Police Militaire

RA = The Royal Regiment of Artillery

R. BERKSHIRE = Royal Berkshire Regiment, sur eBay on en voit un similaire donné pour post-1920.



Les insignes identifiés sont biffés, la  pince et la tenaille je connais c'est un badge de compétence pour artificiers, mécaniciens, etc. qui est systématiquement donné comme signe d'appartenance au Corps of Royal Electrical Mechanical Engineers ( dont on voit l'insigne de coiffure sur le ceinturon ) mais je n'ai pas encore trouvé confirmation de cela.

Bonjour.
Maurice a été tres touché par le compte rendu que je lui ai fait à propose de vos informations.
Le soldat tombé de la tour était polonais.
merci encore pour votre aide et une bonne année 2021
bien cordialement
Stéphane

Je vous en prie et de même excellente année 2021.