L'Épée Modèle 1853 de Sous-Officier de Gendarmerie

Les amis, voici une Épée Modèle 1853 de Sous-Officier de Gendarmerie.


La voici de l'autre côté :


Ca ne se voit pas au premier abord, mais c'est une arme assez forte.
Elle est plutôt lourde avec une solide lame épaisse de 9 mm au talon, large de 2,5 cm au fort, longue de 75,5 cm.

Examinons l'arme en détail.

La poignée est entièrement en laiton, la garde est formée d'un clavier et d'un contre-clavier articulé.
Un arc de jointure assez fin relie la garde au pommeau rond.
De l'autre côté un fort quillon assez court se termine en s'élargissant en forme de bouton ovale.
Un point de rivure bulbeux surmonte le pommeau.
La poignée proprement dite est un fuseau en laiton décoré d'une spirale de lauriers.

Le contre-clavier est vierge de tout décor, il s'articule sur la garde et un poussoir en fer le maintient soit fermé soit ouvert.
L'arc de jointure porte deux matricules, un premier à 4 chiffres qui a été annulé par refrappe du chiffre zéro, un second matricule 340.
Ces matricules sont conformes au règlement de Mai 1854 sur l'enregistrement et l'immatriculation des armes dès leur livraison en Corps de Troupe.
La Gendarmerie - faisant partie de l'Armée - s'y conformait.
Cette épée a donc été réceptionnée et matriculée dans son corps d'affectation, probablement une Légion de Gendarmerie ou, (pourquoi pas ?) le Corps de Gendarmerie de la Garde.


Le clavier porte les attributs de l'épée que nous détaillerons plus loin.


La lame plate possède deux tranchants, elle porte deux gouttières aux deux cinquièmes de sa longueur.
A la base, un méplat reçoit les indications (fugaces) Coulaux - Klingenthal et les poinçons de réception B et D.
On retrouve ces poinçons sur le site de la Manufacture du Klingenthal et ils correspondent bien à la période de 1850 à 1855. Un chiffre 7 profondément marqué surcharge le marquage.



Examinons de plus près les attributs de l'épée :
Une aigle impériale (sans couronne) aux ailes éployées tient dans ses serres un foudre éclatant (avec éclairs).
L'Aigle est posée sur un décor de quatre drapeaux, deux à droite et deux à gauche.
Chacun de ces drapeaux est surmonté de son Aigle Impériale. Ils portent tous une cravate à franges.


Évidemment, les épées Mle 1853 perdront ces attributs impériaux après 1870 pour donner l'Épée de Justice Militaire Mle 1853/72.

Pour ma part, cette très belle épée vient augmenter une collection de plus en plus centrée sur le Second Empire, période passionnante mais injustement méconnue.

A bientôt

Bonsoir,

Belle arme. Merci du partage. Les nouveaux attributs de coquille n'ayant étė fixés qu'en 1872, les aigles ont-elles perduré jusqu'en1872 ?

Cordialement

Bel objet, merci du partage, je n'ai que des 53/72 et une privée de son plateau distinctif

Quelqu'un connaîtrait-il les dates respectives des fourreaux cuir (fin et noir, ou épais et marron) et métalliques?
Bonne journée.

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Bonjour,
J'avancerai que votre épée "privée de son plateau distinctif" (le clavier) soit une authentique épée de Gendarme Mle 1853 ...  brutalement "épurée" de ce qui rappelait le Second Empire.

On l'a donc amputée.
Mais du coup elle n'était plus du tout réglementaire.

Pour ce qui est du fourreau des épées 1853 et 1853/72 que je connais, il est toujours en cuir noir à deux garnitures.
Pour rebondir sur la question de Tribunus, je dirai que les insignes visibles du 2d Empire ont été retirés très tôt, et bien avant 1872. Pour le clavier des épées un simple meulage et tout était dit.

A bientôt

Bonjour St Etienne,

Tiens, oui, pourquoi ais-je utilisé le terme « plateau » et non celui de clavier ?
La chaleur?
Cela m'amène à constater qu'en plus je confondais dans le même temps l' « amputée »  avec ma  1853/1872 et avec la troisième à ciselures du Modèle d'Avril 1892.

Cela répond à ma question existentialiste du fourreau métal mais ne règle pas celle du cuir fauve.
Tant pis!
Cordialement,

Bjr,
Intéressante présentation
A+

Tribunusmilitum a écrit:

Bonsoir,

Belle arme. Merci du partage. Les nouveaux attributs de coquille n'ayant étė fixés qu'en 1872, les aigles ont-elles perduré jusqu'en1872 ?

Cordialement

C'est possible: je doute que durant cette année terrible, toutes les brigades aient été sommées de limer les aigles ou de racheter des épées. Dans le même genre, les Légion d'Honneur à la couronne furent portées jusque dans les années 1880. Bon, parfois par provocation, c'est vrai

Bonsoir,

A la lecture du JMO, il apparaît que dans l'armée de terre, l'ordre de retirer les aigles n'a été donné qu'en mars 1872, au plus tôt. On a préféré attendre que les nouveaux symboles soient définis avant de procéder aux amputations. Il n'est pas impossible toutefois que les officiers les moins bonapartistes n'aient pas attendu si longtemps !

Cordialement

Citation :

Tiens, oui, pourquoi ais-je utilisé le terme « plateau » et non celui de clavier

Le terme réglementaire est "demi-coquille". Il n'est jamais question de "clavier" dans les textes officiels.

Techniquement, le clavier ne doit désigner que le système de demi-coquille mobile, verrouillé par une clavette à ressort, d'où son nom.

Cordialement