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 rendez vous manqué avec le maquis de la chaine des Côtes

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AUBRAC
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AUBRAC


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MessageSujet: rendez vous manqué avec le maquis de la chaine des Côtes   rendez vous manqué avec le maquis de la chaine des Côtes EmptyJeu 14 Mai 2020 - 17:02

Bonjour

Suite du sujet sur le maquis de la chaine des côtes


12 juin 1944 - Rendez vous manqué avec le maquis de la chaine des Côtes (Maquis de Ste Anne ou encore, maquis de Lambesc)

Récit d’ un jeune homme qui aura 20 ans fin 44.

C’était en juin 44. Nous étions un groupe de 7 ou 8 jeunes. Certains comme Henri C. ou René C. étaient des copains d’école, d’autres étaient des connaissances de rencontre dont j’ai oublié le nom. A l’occasion, on sortait ensembles ou bien on se voyait le dimanche.
A cette époque, il nous arrivait de parler du maquis entre nous. Il faut dire que le débarquement américain venait juste d’avoir lieu et les gens commençaient à en avoir assez de l’occupation, des restrictions, des interdictions de toutes sortes. Et puis, on entendait parler des « coups » du maquis. Les gens les approuvaient et inconsciemment, on devait avoir envie en participant, de partager un peu de cette image d’audace que de telles actions supposaient.
Dans le groupe, il y avait 2 frères qui étaient plus âgés que nous ; ils étaient je crois, originaires de la région parisienne. Ils avaient quitté la zone occupée et vivaient depuis au quartier T. à Miramas. Ils étaient donc voisins d’Henri et de René Je pense qu’ils devaient avoir des contacts avec le maquis car ce sont eux qui ont pris plus ou moins les choses en main.
En ce qui me concerne, un copain m’as dit : « nous, on y va, si tu veux venir, tu peux ! » Je lui ai répondu que je partais avec eux. Avec l’insouciance de la jeunesse, j’étais bien décidé à en être.
Très peu de temps avant de partir, j’ai prévenu mes parents de mes intentions. Je me souviens avoir dit (à peu près) à mon père : « on est un groupe, on part au maquis ! ». Il a eu l’air très surpris, un peu pris de court, mais il n’a rien dit. Un peu plus tard j’ai informé ma mère et elle non plus n’a rien dit ; ils avaient du en parler ensemble. J’imagine que pour eux, çà a du être un moment difficile.
Le 12 juin, tôt dans la matinée, on devait être une dizaine au rendez vous à Miramas au quartier T. On s’est mis en route sans perdre de temps, à pied bien sûr, direction le maquis de Lambesc. J’ai aperçu mon père qui se tenait un peu à l’écart. Il était venu à vélo nous voir partir. Il devait se demander s’il me reverrait.
On était parfaitement insouciants, on aurait dit qu’on partait au bal. L’un d’entre nous emportait un petit pistolet qui n’aurait sans doute pas pesé bien lourd en cas de nécessité. On a emprunté la route normale durant tout le trajet : Grans, Salon, puis direction Lambesc par Alleins. Tout le long, on discutait on racontait des histoires. On ne réalisait pas qu’il y avait du danger à se « promener » comme çà, en groupe, dans cette zone et à cette époque où les Allemands étaient à cran.
A peu près  en milieu de journée, nous sommes arrivés au pont qui enjambe le canal au début de la route d’Alleins, quartier des plaines.  Nous avons traversé puis on a filé toujours dans la direction d’ Alleins. Après quelques centaines de mètres, on a vu arriver en sens inverse, une patrouille allemande. Ils étaient 4 soldats. On a entendu qu’ils armaient la culasse de leurs fusils. L’un d’entre nous a dit : «  si des fois ils nous arrêtent, on fait péter ! »…Tout le monde a approuvé.
Avec la patrouille, on s’est croisé. Les Allemands nous regardaient mais ils n’ont rien dit. Nous on a continué à discuter en prenant l’air le plus détaché possible. On était quand même sur nos gardes. Aujourd’hui, je pense qu’ils ont du se dire qu’on allait bien gentiment se jeter dans la gueule du loup et qu’ils avaient peut-être des ordres pour ne pas nous intercepter, à moins tout simplement que notre nombre les ait incités à une élémentaire prudence.
Un peu plus loin, toujours dans la direction d’Alleins, on a bifurqué sur la gauche, vers le bord du canal et on s’est camouflé sous les arbres au point de rendez vous. On entendait tourner et on apercevait le « mouchard », l’avion allemand de reconnaissance.
Il n’y avait personne au rendez vous et on a attendu assez longtemps. On hésitait sur la conduite à tenir. Il faisait très chaud, on avait soif et rien à boire. On a bu l’eau du canal.
Enfin on a vu arriver deux gars du maquis, à vélo. Un des deux était le fils G. qui habitait à St Chamas. L’un avait une mitraillette anglaise Sten, l’autre un pistolet. Tout de suite ils nous ont dit : «  il ne faut pas essayer de passer, le maquis est attaqué et il y a beaucoup d’allemands partout ». Pendant ce temps, le « mouchard » tournait toujours et chaque fois qu’on l’entendait venir vers nous, un des gars nous disait « Planquez vous, couchez vous ! ».On entendait les bruits d’une intense fusillade et des explosions (des mortiers sans doute).
Puis, l’un des deux nous a dit : « Il faut rentrer ! ». Eux-mêmes bien sûr, sont rentrés avec nous. Les directives pour le retour étaient : «  Il faut partir deux par deux et laisser des intervalles de temps entre chaque groupe. Faites attention ! Si vous voyez les allemands, surtout, planquez vous ! ». Rendez vous fut pris à un endroit convenu dans la garrigue près de Miramas. Il me semble qu’à ce moment là on a commencé à réaliser le danger de la situation dans laquelle on était.
Je suis parti le dernier avec un des deux gars du maquis. Il m’a donné un gros révolver ; « tu le mets à la ceinture, la chemise dessus au cas où… »Moi, je ne savais pas m’en servir mais je n’ai rien dit ! Lui, il a enveloppé sa mitraillette dans un chiffon puis il l’a arrimée sur le porte bagages et nous sommes partis tous les deux sur son vélo, l’un « quillant » l’autre sur le cadre. L’après midi était avancée lorsque nous avons pris la route en sens inverse du matin. On était pressé de quitter les lieux et on pédalait ferme.
Après Grans, on s’est dirigé vers Pont de Rhaud, puis on est arrivé en pleine campagne au point de rendez vous. Les autres nous attendaient. On est resté là un moment à palabrer un peu et puis le gars du maquis nous a dit : «  maintenant vous êtes chez vous, vous rentrez chacun de votre côté, faites attention ! ». Je lui ai rendu son révolver, on s’est tous serré la main, on s’est dit au revoir. L’un des deux a ajouté : « Peut-être qu’on se verra un jour. Sûrement que maintenant qu’ils ont débarqués, tout sera fini dans pas longtemps. » Il faisait presque nuit et chacun est rentré chez soi
Je suis retourné discrètement à la maison. Je suis allé tout de suite voir mes parents….Ils n’ont rien dit, pas demandé d’explications, je suppose qu’ils devaient être soulagés. J’ai soupé puis je suis allé me coucher. Je me souviens avoir beaucoup apprécié de m’endormir dans mon lit, m’y sentant en sécurité après cette journée mouvementée.
Aujourd’hui, je pense qu’à seulement quelques heures près, nous aurions tous été « dans la nasse » et peut-être que je ne serais pas là maintenant.

Le maquis de Lambesc a été attaqué et anéanti ce jour là.


A suivre….le plateau de Manivert (maquis de la chaine des côtes) mai 2020
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