*Les bidons réglementaires de l'armée française – 2nd Empire - 1918

*Dénominations officielles:


*Nationalité: Française.


*Période d'utilisation: tout dépend du modèle, mais pour le plus ancien, on peut remonter au moins aux années 1840. En ce qui concerne le mle 1877 (1 et 2 L), il sera encore en dotation au début des années 40. Le modèle 35 prendra le relais jusqu'aux années 50.


*Historique & caractéristiques:

Historique: A VENIR

*Bidon mle 1845 : Je ne possède pas de photos, mais il semblerait qu'il n'ai qu'un seul grand goulot central avec la même forme que son successeur pour le reste.


*Bidon mle 1850 (ici sans enveloppe et probablement dans une configuration de circonstance pour la période 1914-1915) :




*Bidon mle 1867 (sans l'enveloppe de drap réglementaire ici) :



Bidon mle 1877 :

Dotation :
- 1 bidon de 1 litre pour les troupes métropolitaines ;
- 2 bidons de 1 litre ou un de 2 litres pour les troupes d'Afrique.


*Bidon d’essai en aluminium et quart attenant il rappelle le bidon mle 1884 pour les troupes montées. Il a été réutilisé comme effet de circonstance lors des pénuries de matériels fin 1914 et début 1915 au moins. Le fabricant est J.J. CARNAUD à PARIS :


Photo d'époque montrant le bidon lors des essais sur le terrain au début des années 1900. Le bidon comporte ici une courroie dans le style du bidon de cavalerie mle 1884 (source : L'Armée française dans la Première Guerre Mondiale, T. 1 - L. Mirouze et S. Dekerle).


*Bidon pour les troupes montées mle 1884. Il manque ici l'enveloppe en drap gris de fer bleuté puis bleu horizon. Elle a été repeinte en marron/orange. J'en ai croisé au moins deux autres avec cette livrée sur le net. Une idée ? :



Le bidon mle 1877 démontable :

Création du médecin-major Bonnette au début du 20ème siècle, il a été conçu pour faciliter le nettoyage et ainsi éviter les contaminations des utilisateurs ; et par la même occasion de prévenir la détérioration prématurée de la surface étamée.




Caractéristiques:

Journal Officiel n°279 du 15/10/1889 :
" Le petit bidon individuel a subi dans sa forme plusieurs modifications successives. Autrefois, il affectait la forme cylindrique à base elliptique ; le fond était rapporté et soudé. Cette forme avait l’inconvénient de présenter, à la jonction du fond et du dessus avec le corps du bidon, des angles où l’humidité persistait, favorisant l’oxydation du métal.
Le modèle actuel est de la forme dite « poire » ; sa partie supérieure se termine pas deux goulots dont un gros, muni d’un bouchon en liège, et un petit, muni d’un bouchon en bois. Il se compose de deux coquilles semblables, estampées séparément et assemblées ensuite par une soudure contournant tout l’ustensile dans le sens vertical. Le fond du bidon ne présente ainsi qu’une seule soudure en son milieu et ses angles légèrement arrondis sont moins susceptibles d’oxydation que l’ancien modèle. L’usage du petit bidon d’un litre implique celui d’un quart ou gobelet que le soldat suspend à la courroie de l’ustensile ou à l’une des ficelles qui retiennent les bouchons du bidon. "


Différence entre le modèle 1 litre et le 2 litres :



Bidon et bouchons:

Un bidon nu d'un litre estampé d'un fabricant moins courant, PICARD LAUNAY 6 & 8 Rue Florian à PANTIN. La courroie en cuir retournée est régimentée du 7ème de Ligne, compagnie M, matricule 420 :


Un autre Bidon nu d'un litre fabriqué par la Société Générale de Fournitures Militaires à PARIS :


Le grand goulot, fermé par un bouchon en liège (renforcé par une charnière et des rondelles métalliques), servait au départ à remplir le bidon. Le petit goulot fermé par un bouchon en bois servait à boire "à la régalade", manière de boire aujourd'hui perdue mais qui à l'époque permettait de boire en économisant l'eau sans la souiller, tout en favorisant la désaltération (et le développement des arômes si ce n'est pas de l'eau...).

Dès les premières offensives de 1914, le petit bouchon en bois s'est révélé peu adapté aux nouvelles conditions dictées par la guerre et les conditions climatiques (un été très chaud), ce qui empêchait les soldats de boire à leur soif.
Ainsi, il a été souvent enfoncé dans le goulot puis scié ou coupé, et le goulot à parfois été pincé pour éviter l'écoulement du contenu :


Il est au final assez bizarre que les mesures de simplification dans la fabrication des effets militaires ne se soient pas répercutées sur celle du bidon, j'entends par là de la suppression du petit goulot...


Enveloppe en drap:

La décision de recouvrir le bidon d’une enveloppe de drap date de 1866 (circulaires des 3 décembre 1866, p. 420, et 28 juillet 1871, p. 312). L'enveloppe est décrite au Journal militaire (description du 6 novembre 1884 ; insérée 1er sem. 1885, p. 922, modifiée par la décis. Du 21 septembre 1888, p. 198)

" Elles sont confectionnées « avec du drap provenant d’effets hors de service de diverses nuances (bleu foncé, bleu de ciel, gris de fer bleuté et gris de fer foncé."

Exemplaire avec une enveloppe en drap gris de fer bleuté :

Le bidon présenté ci-dessus a appartenu au Sergent Fauquet, 299ème de Ligne, tué durant les combats de Saint-Dié dans les Vosges, fin septembre 1914. Les frottements sur l'uniforme ont percé l'enveloppe en drap. De plus, selon moi, le bidon a été récupéré par la famille où il été agrémenté d'insignes de journées patriotiques.


"A défaut, il est fait emploi de couvertures réformées, mais il convient d’examiner avec soin l’état de conservation des morceaux avant la confection. Une dépêche du 13 juillet 1886 rappelle que les couvertures ne doivent être employées qu’en cas d’absolue nécessité.
Conformément à la décision du 3 décembre 1866, il convient de mettre en service les enveloppes de manière que la nuance soit uniforme par compagnie (décis. Du 21 septembre 1888, p. 198). "

*Exemplaire de 2 litres avec une enveloppe confectionnée à partir d'une couverture :



Enveloppe en bleu horizon, ici confectionnée avec plusieurs morceaux de drap bleu horizon :


Autochrome très célèbre de la Grande Guerre qui nous présente un cycliste militaire avec les deux types de bidons (1 et 2 Litres) :



Les troupes n'employant pas la couleur bleu horizon pour leurs effets utilisent la couleur moutarde.


Courroie en cuir:

Instruction sur la tenue et le paquetage en 1903 :
" Elle se passe en sautoir de l'épaule gauche à la hanche droite. Elle est engagée sous la patte d'épaule gauche, la boucle en avant passe par-dessus
la sangle de l'étui-musette ; elle est ajustée de manière que le corps du bidon se trouve placé en arrière de la hanche droite, l'extrémité des goulots à environ un travers de main au-dessous de la partie inférieure du havresac. La courroie est fixée au bidon de telle sorte que le bouton double se trouve près du petit goulot. "

Pour les bidons d'un litre :
Longueur : environ 150 cm pour une largeur d'environ 15 mm. Possibilité d'avoir la courroie du grand bidon.

En cuir noir côté fleur à l'intérieur (parfois à l'extérieur) avant 1915 avec partie métalliques (boucle et bouton) en laiton, en cuir fauve fleur à l'extérieur à partir de 1915 avec les parties métalliques soit en laiton soit en fer (peint en noir, étamé...)


Pour les bidons de deux litres :
Longueur : environ 150 cm pour une largeur d'environ 25 mm. Possibilité d'avoir la courroie du petit bidon.

En cuir fauve ou noir fleur à l'extérieur avec les parties métalliques soit en laiton soit en fer (peint en noir, étamé...).


*Un exemplaire exceptionnel : le bidon à contenance augmentée

Voici un bidon de 1877 de 2 litre dont la contenance a été augmentée en tirant une cartouche sans ogive à l'intérieur, ce procédé apparaît pendant la Grande Guerre. L'aspect du bidon est remarquable car il est bombé sur les deux face au lieu d'être applati, de plus l'enveloppe en drap parait rétrécie et les ouvertures pour les anneaux de courroies ne sont plus en face :


Cliché pour comparaison avec un bidon non modifié :



*Les variantes simplifiées et de circonstance:


Les variantes simplifiées

Je n’ai à ce jour pas repéré de simplification dans la fabrication du bidon (partie métallique). On constate juste une perte dans la qualité de l’étamage (et probablement une diminution de l’épaisseur du métal), ce qui fait que l'ensemble rouille assez vite et tâche l'enveloppe en drap.
Cette dernière est le plus souvent simplifiée par la suppression des œillets et du lacet de serrage, elle est directement cousue sur le bidon.
Divers draps de circonstance sont utilisés (je vous laisse imaginer la variabilité des teintes et des matières), mais le plus fréquent est le velours cotelé tirant plus ou moins vers le bleu. Il a contrairement à d'autres tissus, l'avantage d'être solide :

*Un bidon de 1 litre et un autre de 2 litres (la couleur a viré au marron avec l'utilisation et le temps) avec une enveloppe en velours côtelé :




*Bidon avec une enveloppe confectionnée avec pas moins de 12 pièces de drap de nuances et qualités variées :


La courroie en cuir est sujette aux mêmes simplifications inhérentes à ce type d’effet, à savoir principalement le rivetage. On peut aussi constater l’utilisation de plusieurs pièces de cuir au lieu d’une seule (valable aussi pour les cordons des housses). Les parties métalliques (boucle et bouton) sont en tombac au départ puis en fer (peint ou étamé). Les formes varient en fonction des approvisionnements.

Pour ce qui est du bouchon, je n'en connais qu’un exemplaire simplifié. Il se compose de deux petites rondelles de fer étamé de chaque côté du liège fixées avec une tige de fer repliée sur elle-même (sans filetage et écrou) :




Les variantes de circonstance
Elles sont très nombreuses et sont parfois très éloignées du modèle réglementaire. Pour ma part, je les divise en 3 catégories :

- Les remplois de modèles réglementaires anciens ou d'essai, remis au goût du jour avec les draps et les courroies disponibles ;
- Les fabrications de guerre reprenant peu ou prou la silhouette des modèles existants ou ayant existé (avec parfois quelques petites différences, visant à simplifier probablement la fabrication) ;
- Les modèles en aucun cas réglementaires qui, pour parer au plus pressé, laissent une très grande liberté quant à la forme ; du moment que la contenance est correcte et qu'une courroie peut être fixée.


Quelques exemples

*Un bidon de 1 litre du modèle 1845, probablement ressorti des entrepôts pour pallier les manques de matériels. Il possède ici une sangle de circonstance en toile de couleur gris/bleu mais n'a pas de housse (inexistante ou mangée par les mites) : A VENIR


*Un autre exemplaire dans le style du mle 1845 mais avec juste le gros bouchon. C'est une très probable fabrication simplifiée. La courroie ressemble à celle des musettes mle 1861 :



*Exemplaire de 1 litre avec enveloppe en toile solide de couleur gris de fer bleuté. La forme est proche du modèle réglo mais est beaucoup plus ronde. La courroie est en cuir teinté noir avec la boucle et le bouton en fer. Le gros bouchon est clairement simplifié et le petit goulot a été martelé, le bouchon n'est donc plus présent :

Il a appartenu au soldat Louis DONADEY du 163ème de Ligne de Nice. Il est mort le 29 Septembre 1914 lors les combats de Xivray dans la Meuse.


*Bidon de circonstance par excellence, cet exemplaire d'un litre environ, confectionné à partir d'une boîte de conserve à laquelle il a été ajouté un goulot et deux passants pour une courroie :


Une photo d'époque montre son utilisation au moins jusqu'à l'apparition du casque mle 15 :



*Un petit bidon tout à fait réglementaire, avec une enveloppe en drap de circonstance de très mauvaise qualité :



*Un exemplaire intéressant, sans enveloppe, ce qui permet de constater que la fabrication est défectueuse. En effet le profil est déformé car les deux parties n'on pas été soudées de manière rectiligne. De plus les soudures sont de mauvaise qualité et le bidon ne peut pas tenir droit lorsque qu'on le pose. En dépit de tous ces défauts, il a été utilisé lors des pénuries faute de mieux :



*Un bidon d'essai en aluminium recouvert d'une enveloppe de toile gris-bleu. Le quart attenant a été remplacé par un autre modèle d'essai. Ces effets ont des poinçons de réception ce qui indique une utilisation militaire (dans le cas contraire c'est pour le civil, car ce modèle était aussi proposé dans les catalogues des fabricants pour les chasseurs et randonneurs) :




*Marquages: Ils sont très variés et se retrouvent sur tous les éléments constituant le bidon, à l’exception des bouchons. En voici quelques exemples ci-dessous :

Marques apposées par l'Armée ou le soldat:

Marques d’admission (lettres « C » ou « A » dans un cercle ou hexagone, parfois seules). On les trouve sur le col du bidon ("A" et "C") et la courroie ("C") :




Timbre de la Commission de Réception (apparaît dès 1893). On le trouve sur l'étiquette en toile écrue au-dessous de l'enveloppe : A VENIR


Timbre à date de l'expert (vise à remplacer l’ancienne version de la commission de réception), il apparaît au début des années 20. Il est visible sur au revers de la courroie : A VENIR


Attribution à un corps, un régiment ou autre (tampon ou poinçon) :



Matricule d'un soldat, généralement agrémenté d'une lettre de compagnie : A VENIR


Nom du propriétaire :




Marques apposées avant ou pendant la fabrication:

Tampon du fabricant : Il est poinçonné plus ou moins au centre d'un des côtés du bidon. Pour la courroie il faut regarder au verso.

Quelques exemples de fabricants :

Société Générale de Fournitures Militaires - PARIS (anciennement Alexis GODILLOT, apparait au moins en 1880)


Cirages Français - Paris-Saint-Ouen, connu aussi pour la fabrication des boitiers d'ARS 17 en 1918



Marquages de la tannerie : Il se trouvent sur le revers de la courroie, A VENIR



*Cotation: de 1€ jusqu'à X€ selon le modèle, la variante, l'état, l'époque et la demande...



*Risque de rencontrer des copies: Peu courant, c'est le plus souvent l'enveloppe qui est refaite, mais il assez aisé de les repérer (aspect neuf principalement). Néanmoins, il est de plus en plus fréquent d’en croiser sur les sites de vente en ligne et décrits comme des exemplaires originaux « neufs de stock ». Il faut aussi être prudent sur l'authenticité des bouchons et sur l'allure de la courroie. Elle peut être originale mais pas adaptée à l'époque (exemple caricatural mais déjà vu : bidon mle 1877 avec courroie en cuir jaune des années 60 "jus de grenier"...)

/!\ Attention de ne pas confondre ce modèle avec le modèle 35. Malgré tout, la différence est flagrante vu qu’il n’y a qu’un seul goulot, le petit a disparu.



*Complément:

Bibliographie et liens utiles : A VENIR

Bidon démontable : les informations proviennent d'un article du membre du forum premier empire.

Pour en savoir plus sur les ustensiles d'essai en aluminium :
https://www.passionmilitaria.com/t172651-les-ustensiles-d-essai-en-aluminium#1514508


La seconde partie (1918 à 1945-50) est disponible en passant par le lien ci-dessous :
https://www.passionmilitaria.com/t186269-les-bidons-reglementaires-de-l-armee-francaise-1918-1945#1633348


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