Gravure sur la Guerre de Trente Ans

Bonsoir,

Petite trouvaille du jour, une gravure évoquant la maraude durant la Guerre de Trente Ans et plus spécifiquement le pillage d'un auberge:






C'est une gravure d'après Jacques Callot, 4e planche de sa série de 18 intitulée Les Grandes Misères de la guerre parue en 1633. Les vers qui légendent la gravure sont de l'abbé Michel de Marolles.

Il y a eu plusieurs tirages, retirages, copies... Sans être un expert en gravure, je pense que vu les signatures (qui change d'une version à l'autre) il s'agit d'un retirage ancien du XVIIIe siècle. Je suis preneur de tout avis, s'il y a quelques amateurs de gravures.

Il faudra que je la retire de son verre pour voir un peu mieux le papier.

Bien cordialement.

Bonsoir
Belle découverte, je ne connaissais pas
Merci du partage
Cordialement

Merci d'apprécier, Evogled.

Je n'ai pas résisté bien longtemps à aller palper le papier ancien, la voici donc avec un scane plus lisible:



Ces courages brutaux dans les hosteleries,
Du beau nom de butin couurent leur voleries,

Ils querelent expres ennemis du repos,
Pour ne payer leur hoste, et prennent iusquaux pots

Ainsi du bien dautruy leur humeur saccomode
Quand on les a soulez et servis a leur mode

Très cordialement.

Bonsoir cathelineau,
très belle gravure........
Le papier semble très épais ?

Bonsoir Uchronie,

Oui le papier est assez épais, il me fait bonne impression. Sur les premières versions, la signature indiquait le privilège royal. Mais je vois que d'autres gravures signées de la même façon que la mienne furent identifiées (à tort ou à raison ?) comme bonnes XVIIe siècle:
https://encheres.catawiki.eu/kavels/19809051-jacques-callot-1592-1635-attacco-ad-una-diligenza

Si dans la première version, cette planche était la 4e, elle porte ici le numéro 3.

Re-voici la gravure en meilleure résolution (du moins sur mon ordi, mais j'ai l'impression que ça les compresse pour les proposer sur le forum) pour voir si nous reconnaissons Crevette parmi les auteurs de ce méfait:  

Bonjour
Merci pour ces nouvelles photos détaillées qui renforcent notre excellente 1ère impression.
Perso je n’ai pas reconnu Crevette mais il faut reconnaître que ma vue baisse de plus en plus

Bonjour,

Les marques en creux autour de la gravure montrent que c'est une eau forte, a savoir plaque de cuivre travaillée à l'acide nitrique. Du coup je pense que c'est une originale, je ne vois pas une copie ou reproduction ultérieure être réalisée par ce procédé long et coûteux.

Or ce sont bien 18 eaux-fortes qu'a imprimé Jacques Callot

http://www.voir-ou-revoir.com/article-les-miseres-de-la-guerre-jacques-callot-117384726.html

Bonjour,

Les plaques de cuivre originales gravées par Callot se trouvent au Musée lorrain, à Nancy.

Cordialement

Bonjour,
les oeuvres de Callot sont toujours très intéressantes, c'est le reporter photographe de l'époque.
Cordialement,
CG

Bonjour à tous,

Merci pour vos différentes interventions !
Comme l'a bien remarqué Maupain, on voit la trace de la plaque de cuivre laissée sur le papier.
A propos de la lenteur de ce procédé de gravure à l'eau forte, voici une vidéo qui explique les différentes étapes du processus:



Je n'ai pas encore trouvé sur le net, mais il doit bien y avoir (peut-être version papier) une étude des différents tirages et de l'évolution des signatures. Je vais poursuivre mes recherches.

Il faudra aussi que je lui refasse un encadrement avec un meilleur passe-partout.
Cette gravure pourrait être mise en regard de ma Bible catholique franco-latine de 1616 (actuellement en restauration) qui illustre aussi la volonté de lutter contre la Réforme protestante.

Comme tu dis Crevette, je trouve que Callot est très intéressant car il offre plusieurs vues des armées du début du XVIIe et aborde des sujets peu communs. Il me semble que nous en avions vu d'autres planches passer sur le forum.

Bien cordialement

Voici la page que j'ai mise en lien sur mes deux sites Guerre de 30 ans:
http://oeuvreclt.free.fr/images.xml

Merci Crevette, ce site présente l’état III de cette gravure et une copie édité à Aix, mais aucun des deux n’a les mêmes signatures que celle que je présente.
Sur Wikipédia on trouve ceci :

• Premier état : Avant les vers et avant les numéros au bas de chaque pièce ; celles qui sont cotées, dans le second état, de 2 à 17 portent: Israël ex ou excud. Cum Privil Reg., sauf le n°2, où les mots Privilegio Regis se lisent en toutes lettres. Sur le n° 18 on lit : Callot Fecit Israel excudit. sans mention de privilège. Le titre est semblable à celui qui accompagne le second état.

• Deuxième état : Au bas de chaque morceau, le titre excepté, on lit six vers français, disposés deux par deux. Leur auteur est un grand collectionneur du temps, Michel de Marolles, abbé de Villeloin. Chaque morceau est numéroté de 1 à 18.

• Troisième état : L'excudit d'Israël sur les pièces N°s 2 à 18, ainsi que la mention du privilège sur les pièces 2 à 17, ont été enlevés. Ces mots ont été remplacés par ceux-ci : Callot inv. et fec. Sur le n° 18, on a laissé subsister la mention Callot fecit; les mots Israel excudit sont effacés. La marge est entourée d'un trait carré. On rencontre quelquefois des épreuves de cette suite qui ont été tirées au milieu de cartouches gravés par P. Giffard, sur les dessins de Seb. Le Clerc. Jombert a donné la description de ces cartouches dans son catalogue de l'œuvre de Le Clerc, n° 324. Ils ont été commandés par Fagnani qui croyait donner, ainsi, quelque valeur aux épreuves qu'il fit tirer avec ces ornements. Jombert ajoute avec raison, que ces épreuves n'ont pas été pour cela rendues meilleures.

Les signatures sur la mienne sont différentes de ces trois états.
Les seules eaux fortes de cette série avec une signature comme la mienne que j’ai pu trouver sont celles expertisées en Italie lors d’une vente :
https://encheres.catawiki.eu/kavels/19880235-jacques-callot-1592-1635-l-arruolamento-delle-truppe

La référence pour l’étude des états semble être cet ouvrage en plusieurs volume et visiblement peu courant :
J. Lieure, Jacques Callot, Catalogue de l'œuvre gravé, Paris, Editions de la Gazette des Beaux-Arts, 1927.