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 L'Empire colonial, Vichy et la France libre, histoire d'une rivalité

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poddichini
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MessageSujet: L'Empire colonial, Vichy et la France libre, histoire d'une rivalité   L'Empire colonial, Vichy et la France libre, histoire d'une rivalité EmptySam 5 Nov 2016 - 22:30

Bonsoir à tous,

je viens de rentrer un nouveau document, grâce à un membre du forum (merci Cyprien !), concernant l'Empire colonial, sous Vichy. C'était l'occasion pour moi de rédiger un petit article sur l'Empire colonial pendant la Seconde Guerre mondiale, et notamment la rivalité entre la France de Vichy et la France libre pour son contrôle. Voici donc la revue en question, puis l'article à la suite.
Bonne lecture.

Poddichini.

L'Empire colonial, Vichy et la France libre, histoire d'une rivalité Photo211

La façon dont l'Empire fut gouverné doit être bien comprise comme différente de la politique appliquée en métropole. Il y a certes une application
périphérique des lois et directives de l’État français du maréchal Pétain, à la grande différence que les Allemands ne sont pas là pour encadrer l'action gouvernementale. Une majorité des colonies fut donc, au début, l'affaire du gouvernement de Vichy, avec des administrateurs coloniaux sous son autorité.  
En effet, à la fin de l'année 1940, d'immenses territoires sont sous gouvernement vichyste : l'Afrique occidentale française, le Maroc et l'Algérie, Madagascar, le Kouang-Tchéou-Wan, Djibouti, Saint-Pierre-et-Miquelon, l'Indochine, la Guadeloupe, la Martinique, la Guyane, la Réunion, le mandat français sur la Syrie et le Liban. Dans ces territoires, les organes vichystes sont mis en place, comme la LFC, Légion française des combattants, qui ont leur section locale.
La lutte de souveraineté nationale devient la lutte pour l'empire français : Vichy lutte pour conserver l'Empire, la France libre pour le conquérir. La propagande s'en mêle largement. Vichy organise même en juillet 1941, la « semaine de la France d'Outre-mer ». En effet, Vichy n'a de cesse de réaffirmer son attachement à l'empire : Pétain pense que Vichy n'a aucun avenir en Europe sans un Empire outre-mer. Les colonies sont donc un des derniers atouts du pays pour maintenir, jusqu'en 1942, une certaine liberté de pouvoir, en zone libre.
Qui dit gouvernement de Vichy, dit nomination d'administrateurs plus ou moins fidèles à l'autorité de Pétain : Pierre Boisson (qui se déclare fidèle au maréchal) en Afrique occidentale française de juin 1940 à juillet 1943, l'amiral Georges Robert, Haut commissaire du régime de Vichy pour les territoires coloniaux français des Antilles – Guyane - Saint-Pierre-et-Miquelon, Constant Sorin, gouverneur de Guadeloupe de 1940 à 1943.
Beaucoup, au cours de l'année 1940, restent fidèles au maréchal Pétain, suivant ses directives et celles du ministère des Colonies, dirigé, successivement par Albert Rivière, Henry Lémery, Charles Platon, Jules Brévié et Henri Bléhaut. A ce titre, la France libre avait elle aussi son ministre des Colonies, à partir de 1942 : René Pléven, Hervé Alphand, puis Pléven jusqu'en 1944, avant que Paul Giacobbi et Jacques Soustelle ne prennent la relève.
Dans les colonies, l'autorité et le contrôle des présumés opposants à Vichy fut assez ferme : au Maroc, Noguès s'oppose au ralliement à la France libre ; en AOF, une liste des suspects est dressée dès 1941.

C'est donc par le biais d'une propagande très intense que le régime veut consolider l'attachement des Français aux colonies : affiches, cartes, tournées sont choisies pour incarner cette attachement ; les actualités au cinéma, et les documentaires tournés, sous la direction et la surveillance du Secrétariat général de l'Information : la revue que je vais vous présenter ensuite est un exemple typique de ce travail de propagande : Français, vous avez un Empire ; ou encore Regards sur l'Afrique. Des expositions concrétisent ce dessein colonial : Semaine de la France d'Outre mer en juillet 1941 ; Quinzaine impériale en mai 1942. Cette dernière se veut aussi humanitaire, comme le précise le préfet de l'Allier, Lucien Porte : « Le Gouvernement a décidé d'organiser pendant la Quinzaine impériale du 15 au 31 mai prochain, des journées nationales Nord-africaines. Leur but est de procéder à la collecte d'effets de toute nature dont le réemploi permettra de conjurer la crise du vêtement qui frappe cruellement les populations indigènes de l'Afrique du Nord ». On célèbre aussi les « athlètes indigènes », venus à Lyon par exemple figurer devant près de 40000 enfants des écoles. Le rôle des missions n'est pas oublié, l’œuvre de la propagation de la foi a une place importante dans la conquête des cœurs, et le maintien d'un patriotisme national dans les colonies.

Dès juin 1940, il faut bien comprendre que l'empire français va faire l'objet d'une dispute, d'un conflit pour son contrôle par Vichy et Londres, sous entendu la France libre. Les colonies françaises sont bien un des premiers enjeux de lutte entre la France de Vichy et la France libre, du fait des ressources, tant humaines que matérielles, des intérêts stratégiques, des appuis militaires que ces colonies renferment. Dès l'appel du 18 juin 1940, lancé depuis Londres par le peu connu général de Gaulle, plusieurs colonies se rallient d'elles-mêmes à la France libre, à la France résistante en train de se constituer progressivement : dans le Pacifique, le premier territioire à se rallier à De Gaulle sont les Nouvelles-Hébrides, le 20 juillet 1940, par l'intermédiaire de son gouverneur, Sautot. Puis, la Nouvelle-Calédonie rejoint De Gaulle, puis c'est au tour des comptoirs indiens (Pondichéry, Yanaon, Chandernagor. Karikal, Mahé), sous l'impulsion du gouverneur Louis Bonvin .
Un cas particulier est celui de l'Afrique équatoriale française : en effet, à l'intérieur de cette fédération, deux colonies se rallient à De Gaulle, avec la volonté énergique du gouverneur Félix Eboué : l'Oubangui-Chari et le Tchad (23 août 1940). Le colonel Leclerc est un des grands acteurs du ralliement des colonies africaines à la France libre : il permet le ralliement du Cameroun, français depuis la fin de la Première Guerre mondiale, le 27 août ; en revanche, le lendemain, 28 août, il faut mettre à la porte le gouverneur du Gabon, Masson, pétainiste, pour établir l'autorité de De Gaulle sur Brazzaville, capitale de l'AEF.
Il faut souligner que tout cela se déroule sans qu'aucun coup de feu ne soit tiré : le ralliement des colonies du Pacifique et de l'AEF est pacifique : Éric Jennings parle à ce sujet d' « empire alternatif ». Mais, attention, car, ailleurs, les choses sont différentes, notamment en AOF, où l'autorité de Vichy, on l'a vu, est bel et bien présente : le Haut-commissaire de Dakar, reçoit, le 29 août (tout se passe en quelques jours comme on peut le voir), un télégramme émanant de la France libre : « Nous informons tous les Français de ce que le but primordial des gouvernements de la France libre installés en AEF et au Cameroun est de conserver ses colonies intactes pour les remettre à  une France indépendante et d’utiliser toutes leurs ressources pour contribuer à  libérer la Patrie… Nous ne pourrions comprendre que des Français qui ont accepté un armistice écrasant imposé par l’Allemagne fassent de nouveau usage de leurs armes pour contraindre des compatriotes d’obéir aux ordres d’un gouvernement privé de sa liberté. Au cas où une telle agression se produirait, nous nous bornerions à  l’exercice le plus strict, mais le plus ferme du droit de légitime défense. La responsabilité du combat fratricide retomberait sur ceux qui auraient le triste courage de l’ordonner et de l’exécuter. À tous, nous adressons un cri de ralliement : Français pour la France libre : en avant »
De Gaulle souhaite marquer de sa présence le ralliement de l'AEF à la France libre, en venant au Tchad en 1940. Une conférence a lieu dans la capitale de l'AEF, Brazzaville, qui proclame la création de l'organe de commandement de la France libre, sous le nom de Conseil de défense de l'Empire (11 juillet 1940-24 septembre 1941). Pour De Gaulle, les colonies ne devaient pas être subordonnées à Vichy, pour que la France libre puisse bénéficier de bases solides, en vue d'une reconquête du territoire métropolitain. Ainsi, dans un discours prononcé le 30 juillet 1940 (et rapporté dans l'Histoire de la France libre, de Jean-Louis Crémieux-Brilhac, De Gaulle affirme : « J'affirme, au nom de la France, que l'Empire ne doit pas se soumettre à leurs ordres désastreux. J'affirme, au nom de la France, que l'Empire doit rester, malgré eux, possession de la France ». Peur de voir les colonies tomber sous domination allemande ? Peur de la transplantation de la politique métropolitaine de Vichy dans les colonies ? En tout cas, le discours de De Gaulle est ferme : les colonies doivent rester françaises, libres, donc. Elles sont identifiées clairement à la France libre. Pour De Gaulle l'entreprise de libération nationale passera par l'Empire. Les colonies autour de De Gaulle, c'est assurer son assise territoriale, mais aussi son autorité en tant que chef de la Résistance (rappelons nous que De Gaulle était loin, au début, de faire l'unanimité chez Churchill et Roosevelt, préférant Giraud).  

Mais, malgré le ralliement pacifique d'une première partie des colonies, le télégramme du 29 août annonce des jours plus sombres : le ralliement des colonies restantes (AOF, Afrique du Nord, Madagascar, Antilles, Indochine) se fera par la force : entre le 23 et le 25 septembre 1940, le fiasco de Dakar montre là le premier combat véritable entre les deux conceptions de la France. Les navires anglais font l'objet de tirs ordonnés par le gouverneur général de l'AOF, Pierre Boisson. Après cet échec de Dakar (que les propagandistes de Vichy ont vite fait de caricaturer par des affiches). Il faut donc passer par les armes pour rallier définitivement le Gabon en novembre 1940, pour rallier la Syrie en 1941, au prix de combats plus intenses (mais, là, on touche à un point sensible : en effet, la France libre faisait l'objet d'une charte fondatrice, signée après un accord passé entre De Gaulle et Churchill le 7 août 1940, dans laquelle il était précisément écrit : « cette force [française libre] ne pourra jamais porter les armes contre la France » (article 1er, alinéa 2) : or, ici, c'est bien ce qui se passe : des Français tirent sur des Français sur le sol français.
Progressivement, au cours de la guerre, la France libre conquiert ces territoires restés fidèles à Pétain : Madagascar voient débarquer les forces anglaises, associées aux FFL, en mai 1942 ; en novembre de la même année, c'est la Réunion et la côte française des Somalis.
Le débarquement des forces alliées en Algérie en cette même année 1942 voient le ralliement des derniers territoires, et pas des moindres : Maroc, Algérie, et surtout l'AOF : le gouverneur Boisson annonce son ralliement à l'amiral Darlan, qui a pris les rênes du pouvoir à Alger ; puis, il se montre fidèle, dans un premier temps à Giraud, puis à De Gaulle.

L'exception est indochinoise, alors sous la coupe japonaise, depuis l'invasion de 1940. Une administration vichyste se met en place, sous la direction de l'amiral Decoux, qui s'attache à montrer sa fidélité envers Pétain, par le biais d'un très fort culte de la personnalité. Les francs-maçons et les Juifs sont exclus de l'administration indochinoise, et les gaullistes sont réprimés. Decoux a même envisagé un temps, en collaboration avec les forces japonaises, de ramener la Nouvelle-Calédonie dans le giron vichyste ; mais son projet resta à l'état de projet.

En 1943, on peut dire que la majorité des colonies françaises sont du côté gaulliste. Seule l'Indochine entre dans la France libre en septembre 1944, avec la nomination du général Eugène Mordant comme délégué du Gouvernement provisoire de la République française (GPRF). Decoux avait pris les pleins pouvoirs mais n'a pas d'autre choix que de reconnaître l'autorité de De Gaulle, par l'intermédiaire de Mordant.

La revue que je vous présente ici est un exemple typique de cette propagande vichyste pour la promotion des colonies, de l'Empire colonial. Elle fut éditée et publiée pour la Semaine de la France d'Outre-mer, entre le 15 et le 22 juillet 1941. L'idée est ici de rappeler les Français au souvenir de ces territoires, de ces morceaux de France dans le monde, par le biais d'une pédagogie assez simple : chaque territoire est présenté sous ses traits historiques et physiques, ses avantages économiques, les caractéristiques des peuples vivant dans chaque territoire. Puis, l'on fait une biographie des principaux acteurs de la colonisation : Faidherbe, Gallieni, Lyautey ; ensuite, l'idée dans cette revue était de montrer tous les bénéfices que l'on peut tirer des colonies, avec en avant ce slogan : « nos colonies ne nous « coûtent » pas, elles nous « rapportent » ». La mission scolaire est rappelée également : « apprendre aux indigènes à mieux vivre, voilà la mission de notre école ». Tout ces éléments sont accompagnés de photographies devant venter les mérites et les paysages coloniaux. Voici quelques extraits.
L'Empire colonial, Vichy et la France libre, histoire d'une rivalité Photo215

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Voici pour le coup, en complément de cette revue, une carte très intéressante en ma possession, toujours éditée par le service d'information de l'Etat français, peu courante : Carte, de grande taille (90 cm x 80 cm), de l'Empire colonial français, en 1942. Cette carte est en réalité issue d'un ouvrage peu commun, intitulé Saint Hélène, la seule terre que l'Angleterre offrit à la France. Ouvrage de propagande édité sous le régime de Vichy. 
Sur la carte, plusieurs choses : en jaune et rouge les territoires ayant appartenu à l'empire colonial. En jaune, ce sont les territoires concédés avant 1940, et en rouge les territoires "cédés" entre 1940 et 1942. Dit autrement en rouge ce sont les territoires qui sont sous le contrôle des Alliés et des FFL, et que Vichy ne contrôle donc plus. Voilà pourquoi, en bleu, nous retrouvons seulement l'Indochine et la Tunisie.
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Dernière édition par poddichini le Sam 1 Avr 2017 - 8:25, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: L'Empire colonial, Vichy et la France libre, histoire d'une rivalité   L'Empire colonial, Vichy et la France libre, histoire d'une rivalité EmptyLun 16 Jan 2017 - 17:20

Bonjour,

je fais remonter ce post, pourtant si intéressant, pour évoquer un de nos territoires passés, dont j'avais oublié la mention, et dont le sort a, lui aussi, été particulier, pendant la Seconde Guerre mondiale, et la dispute entre la France de Vichy, et la France libre : Madagascar.

Cette île, française depuis l'établissement du protectorat en 1896, a en effet été le théâtre d'un conflit militaire armé, ayant opposé la France de Vichy, et les troupes britanniques pour son contrôle, en 1942.
Courant 1942, l'Empire colonial britannique est considérablement réduit depuis les victoires japonaises dans le Pacifique et dans la mer de Chine, prenant successivement Hong-Kong, la Malaisie, Java, Bornéo. Les Japonais menacent Ceylan et la partie continentale du Raj britannique, mais aussi le Moyen-Orient et les côtes de l'Afrique orientale. Alors, afin de maintenir la puissance maritime britannique dans la zone, une expédition fut lancée pour prendre le contrôle de l'île malgache, au détriment de Vichy, qui est en place solidement dans l'île, par le biais d'Armand Annet, gouverneur général de Madagascar.
Autre objectif pour les Britnaniques : faire de toute l'Afrique de l'est un territoire allié : Abyssinie et Ethiopie ont vu les Italiens s'en aller en 1941, il ne reste plus que Madagascar et Djibouti en somme à soumettre.

Alors, les Britanniques lancent une vaste opération visant à prendre le contrôle d'un des principaux ports de l'île : Diego Suarez : l'opération Ironclad est lancée début mai 1942. Le 5 mai, une vague d'avions britanniques bombarde Diego Suarez de tracts invitant les Français et notamment le gouvernement général et les marins fidèles à Vichy à se rallier aux Britanniques. Puis, ce sont les torpilles et les bombes qui détruisent quelques bâtiments de guerre français : ils sont 4000 Français à résister à cette flotte britannique dans le port de Diego Suarez. Les artilleurs de la DCA français arrivent même à atteindre un des navires britanniques, et faire prisonnier l'équipage complet.
Mais, la supériorité britannique l'emportera au final. Un aviso français, le d'Entrecasteaux résiste fortement aux torpilles britanniques. Mais, touché quand même, il s'échoue. Les soldats britanniques débarquent entre le 5 et le 6 mai 1942; les combats sont durs entre Français et Britanniques. Le 7 mai, les Français défendant Diego Suarez se rendent aux Britanniques. Les Vichystes ne se déclarent pas vaincus pour autant et se déplacent vers le sud de l'île, puis font appel, à la fin du mois, aux Japonais, qui envoient des sous-marins. Ces sous-marins vont réussir à atteindre les côtes malgaches et abîmer quelques navires britanniques.

L'île n'est donc pas encore, en cette fin mai 1942, aux mains des britanniques. Darlan ordonne de ne pas capituler, malgré les nombreux renforts venus d'Afrique et d'Inde, côté britannique. Entre juin et octobre, les combats sont difficiles, les Britanniques progressent difficilement dans ce milieu malgache.
Finalement, la capitale Tananarive tombe aux mains des Britanniques et un armistice est conclu le 6 novembre : il prévoit le maintien d'une souveraineté française sur Madagascar, qui sera donné aux Français libres seulement en janvier 1943 (après une période d'administration militaire britannique).

Et les Français libres dans tout cela ? Et bien il faut dire que De Gaulle ne fut pas tenu informé de cette opération Ironclad. Elle fut très mal perçue par les Français libres. De Gaulle souhaitait bien une intervention des Français libres à Madagascar, mais une intervention avec l'appui des Britanniques, non une intervention solitaire des Britanniques. Max Gallo, dans son ouvrage La Solitude du combattant (1940-1946), paru en 2012, rapporte même cette phrase de De Gaulle, prononcée à son état-major à Londres, le matin du 5 mai : "Engagez-vous dans l'armée canadienne, au moins vous vous battrez contre les Allemands". Cette colère gaullienne est en effet justifiée par le fait que les Britanniques avaient eu tendance à mener des opérations dans les territoires français sans concertation préalable, ni participation, du gouvernement de De Gaulle, installé à Londres depuis 1940. La colère de De Gaulle envers Churchill et les Britanniques semble avoir porté ses fruits lorsque Paul Legentilhomme, général d'armée à la tête de la 1ère DFL depuis le mois d'avril 1941, obtient la direction du gouvernement de l'île, avant de la céder à Pierre de Saint-Mart en mai 1943 (il garde ce poste jusqu'en 1946).

Cet épisode est donc un témoignage de la dispute intense de l'empire colonial entre trois acteurs : la France de Vichy, la France libre et les Britanniques (puissance coloniale rivale depuis le milieu du XIXème siècle, en particulier en Afrique depuis le Scramble of Africa, la "course au clocher"  que se menèrent les deux pays pour le contrôle d'un nombre toujours plus grand de colonies et protectoorats).

Poddichini.
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MessageSujet: Re: L'Empire colonial, Vichy et la France libre, histoire d'une rivalité   L'Empire colonial, Vichy et la France libre, histoire d'une rivalité EmptyLun 16 Jan 2017 - 20:47

Bonjour,
Très intéressant !!!J'avais loupé ça en Novembre ... Wink

Vincent
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MessageSujet: Re: L'Empire colonial, Vichy et la France libre, histoire d'une rivalité   L'Empire colonial, Vichy et la France libre, histoire d'une rivalité EmptyLun 16 Jan 2017 - 21:04

Bonsoir Vincent, et merci bien. Je vais faire prochainement un article pour présenter de façon plus précise la situation indochinoise pendant la Seconde Guerre mondiale.

Poddichini.
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MessageSujet: Re: L'Empire colonial, Vichy et la France libre, histoire d'une rivalité   L'Empire colonial, Vichy et la France libre, histoire d'une rivalité EmptyLun 16 Jan 2017 - 22:05

Et ce qui est intéressant dans cette histoire singulière est bien le fait que De Gaulle et les Français libres ne furent en aucun cas informés des préparatifs de cette opération militaire, ni même invités à y prendre part. Madagascar était pourtant française depuis un demi-siècle. Et De Gaulle souhaitait bien une intervention conjointe sur l'île, et non une intervention unilatérale. D'où la colère du général...

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MessageSujet: Re: L'Empire colonial, Vichy et la France libre, histoire d'une rivalité   L'Empire colonial, Vichy et la France libre, histoire d'une rivalité EmptyMer 18 Jan 2017 - 17:33

Bonsoir,

à noter que les Japonais avaient envoyé trois sous-marins quand même dans la zone de Diego Suarez, en aide à la France de Vichy, le 29 mai : I-10, I-16 et I-20, qui ont fait quelques dégats sur la flotte britannique, endommageant en particulier le navire Ramillies. Un des sous-marins japonais fut touché, il a pu néanmoins accoster sur les côtes malgaches. Deux soldats japonais sont descendus à terre afin de se cacher. Mais, ils livrèrent, quelques jours plus tard, bataille avec les Royal Marines, et furent tués.

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MessageSujet: Re: L'Empire colonial, Vichy et la France libre, histoire d'une rivalité   L'Empire colonial, Vichy et la France libre, histoire d'une rivalité EmptyVen 24 Mar 2017 - 12:38

Bonjour,

Merci à vous pour ce bel exposé !

Connaissez-vous des photographies/vidéos des troupes Vichystes, lors de ces différents conflits ?

Il est largement plus facile d'avoir des photos de la France Combattante!

J'ai trouvé cette archive britannique sur des tirailleurs prisonniers à Madagascar:

https://www.youtube.com/watch?v=H7DDD-SU9as

et celle-ci sur le départ des troupes de Dentz en Syrie:
https://www.youtube.com/watch?v=pl6rpbMLBck

Meilleures salutations

Mellon
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MessageSujet: Re: L'Empire colonial, Vichy et la France libre, histoire d'une rivalité   L'Empire colonial, Vichy et la France libre, histoire d'une rivalité EmptyVen 24 Mar 2017 - 17:48

Bonjour Mellon,

 merci pour votre commentaire concernant mon article.
Oui il existe des images issues de la propagande vichyste au sujet de l'Empire colonial pendant ce conflit, mais dans des fonds d'archives qui ne sont pas libres de droit.

Poddichini.
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