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Sur les bancs de l'Ecole coloniale
Sur les bancs de l'Ecole coloniale EmptyJeu 6 Juil 2017 - 17:10 par poddichini
Bonjour à tous,

suite à une rentrée récente, le programme des conditions d'admission à l'Ecole coloniale de 1931, voici mon écrit au sujet du recrutement et de cette école ayant formé les administrateurs coloniaux depuis la fin du XIXème siècle jusqu'à la Décolonisation.


Alors que la conquête des colonies est encore d'actualité, en cette fin du XIXème siècle, alors que l'AOF commence doucement à se former, que le Tonkin, la Cochinchine deviennent français, la République française pense à organiser les premières structures véritables d'une administration dans les colonies.
Mais, qui mettre en poste dans les territoires colonisés ?

D'abord, ce sont des diplomates qui sont nommés dans l'Empire en construction. Souvent issus de bonnes familles, parfois présentes dans les colonies du Premier Empire colonial français : Antilles, Sénégal, Inde. Puis, avec l'accélération de la conquête à partir des années 1860-1870, ce sont des officiers de l'Armée d'Afrique, et des officiers de Marine qui prennent le relais et sont nommés dans les territoires nouvellement acquis, en Afrique, dans la future Indochine. Ils connaissent le terrain, ils connaissent les populations colonisées, leurs besoins. Ils font donc très bien l'affaire. Mais, leur formation est limitée : ce sont des militaires avant tout ; les tâches administratives ne sont pas dans leur domaine de compétence premier.
Parfois, les nominations de fonctionnaires dans les colonies de cette période sont le fait des relations, des bonnes connaissances, mais aussi, et peut-être surtout, du fait des avantages de la fonction : des soldes nettement supérieures aux soldes des fonctionnaires en métropole, des congés réguliers et longs : 3 mois tous les 5 ou 6 ans. Les nominations sont donc inefficaces, les changements d'administrateurs réguliers : les territoires colonisés sont donc assez mal gérés, en ces années 1870-début des années 1880.

Avec la IIIème République naissante, le besoin se fait sentir de former comme il se doit les futurs administrateurs coloniaux. Il faut leur apprendre l'histoire de la colonisation française, l'histoire des populations qu'ils vont côtoyer au quotidien, les paysages, la géologie, les plantes, les ressources qu'ils vont devoir gérer et mettre en valeur. Une nouvelle génération d'administrateurs coloniaux naît donc, tous ou presque républicains : ils ne sont plus forcément issus de bonnes familles. C'est, au contraire, au mérite qu'on va leur permettre de faire carrière aux colonies (grâce, notamment, au système de bourse). Les grandes écoles françaises sont d'abord le lieu de recrutement de ces administrateurs. Parfois, ce sont des politiciens. Mais, il faut une école spécialisée, une école qui serait entièrement dévolue à la formation des commis de l'administration coloniale.
Et puis, sur place comment ne pas faire confiance aux locaux, aux chefs de tribu, aux lettrés, qui connaissent mieux que personne le terrain et ses populations ?
Ainsi, un des premiers Français présents sur le terrain, en l'occurrence en Extrême-Orient, Auguste Pavie (agent des télégraphies en Cochinchine, et explorateur du Mékong), conçoit l'idée de former quelques khmers à l'administration coloniale. Pour cela, il ramène avec lui, à Paris, treize khmers pour leur apprendre la gestion de leur territoire, le Cambodge. L’École cambodgienne est formée ; on est alors en 1885. Paul Dislère en est le premier directeur.

De cette idée naît l'idée plus importante de créer une école qui pourrait former l'ensemble des commis de l'administration coloniale. Ainsi, cette École cambodgienne se transforme et, par décret du 11 janvier 1887 naît l’École coloniale, devenue École nationale de la France d'Outre-mer.
Le décret du 23 novembre 1889 place cette école sous l'autorité du Secrétariat d’État des Colonies. Un député soutient largement cette initiative : Eugène Étienne, député d'Oran, et fondateur du Parti colonial à l'Assemblée nationale.
Avec cette École, la République a enfin un outil solide et spécialisé pour former les administrateurs coloniaux. Auparavant, on envoyait sur le terrain des administrateurs peu préparés à leur fonction, à leur carrière et surtout aux difficultés du terrain comme les maladies. Là, tout un savoir est créé afin de les préparer à leurs tâches, à leurs différentes missions, à la langue locale qu'ils vont rencontrer.

Mais, cette École coloniale est une école où les résultats, le rang, sont très importants pour pouvoir choisir son territoire d'affectation : les premiers du classement peuvent choisir confortablement leur poste, leur lieu. Souvent, ils optent directement pour le poste de rédacteur-stagiaire de l'administration centrale d'une colonie, ce qui trace directement leur carrière vers le cabinet du gouverneur, gouverneur-général, pour espérer cette dernière fonction, la plus haute du système colonial. Les autres, classés plus loin, passent par les postes de commis d'administration, puis, avec persévérance et résultats, peuvent aspirer à voir leur carrière grandir. Certains choisissent même de ne pas aller sur le terrain et préfèrent les bureaux de l'administration centrale à Paris. Les bureaux des Affaires politiques et indigènes sont souvent un point de passage choisi par les administrateurs dans les colonies, afin de mieux se familiariser avec les populations, leur langue, leurs coutumes ; mais aussi faire un peu de renseignement.

Parfois, il arrive encore, à l'apogée de l'Empire, qu'à la tête des territoires les plus importants soient nommés non pas des hommes issus de « Colo », le surnom donné à l’École coloniale, mais des politiciens, qui usent de leurs relations pour obtenir les bonnes affectations. Ainsi, Paul Bert, Paul Doumer, Albert Sarraut sont des exemples de politiciens ayant occupé des postes importants, comme en Indochine (Albert Sarraut occupa le poste de gouverneur général de la Fédération indochinoise, entre 1911 et 1913, puis entre 1916 et 1919). D'autres, par des liens familiaux, parfois proches, trouvent leur place, à l'image d'Antony Klobukowsky, gendre de Paul Bert, devenu gouverneur-général de l'Indochine entre 1908 et 1910.

Autre phénomène marquant : les administrateurs coloniaux bénéficient de longues périodes de congés (avantage de la fonction) : il faut donc remplacer, par le système de l'intérim, les administrateurs coloniaux partis, pour la très grande majorité d'entre eux, en métropole pour profiter de leur repos, ou bien par appel d'une mission. Ces intérimaires sont souvent d'anciens élèves de Colo, qui ont appris le métier à l’École certes, mais aussi sur le terrain : ils sont donc les mieux à même de remplir leur fonction d'intérim, parfois pour une plus longue durée que prévu. Parfois, de nouveaux titulaires du poste sont nommés mais les intérimaires exercent leur fonction à merveille, connaissant mieux le terrain que le nouvel administrateur.


Revenons au sujet, en abordant ce que fut l’École coloniale. Le document présenté est le [i]Programme des conditions d'admission à l’École coloniale[/i], daté de 1931, au moment de l'apogée de l'Empire colonial et de la tenue de cette exposition coloniale internationale, immense succès, avec près de 33 millions de tickets d'entrée vendus, dans le bois de Vincennes. Plus que le programme des conditions d'admission, ce document explique aussi les enseignements délivrés, mais aussi les formes prises par les examens, et les différents emplois, postes que pourront occuper les lauréats aux concours.

L’École coloniale forme ses élèves à plusieurs types de poste :

- les carrières administratives coloniales
- les carrières de la magistrature coloniale (section créée en 1905)
- les carrières administratives des postes spécifiques à l'Afrique du Nord (section créée en 1914 et arrêtée en 1948, quand les élèves de cette section sont désormais formés par la toute jeune Ecole nationale d'Administration)
- les carrières dans le Corps des administrateurs des Services civils de l'Indochine
- les inspecteurs du travail aux Colonies

Les cours débutaient les 1er novembre de chaque année, et les études duraient trois ans.
A la sortie de l’École, les élèves reçus au concours entrent soit dans l'Administration centrale des Colonies, en tant que rédacteurs stagiaires ; soit dans le Corps des Administrateurs des Services civils de l'Indochine, en tant qu'élèves-administrateurs ; soit dans le Corps des Douanes et Régies de l'Indochine, en tant que Contrôleurs stagiaires ; soit, enfin, dans le Corps des Administrateurs coloniaux de l'AOF, l'AEF et Madagascar, en tant qu'élèves-administrateurs. Ce sont, en tout cas, les postes proposés pour la session 1931.

Quelles sont les conditions pour pouvoir entrer à Colo ? Il faut être Français, être âgé de 18 ans, être bachelier, justifier d'une « aptitude physique suffisante ».
Colo est payante, 150 francs par année, avec des coûts supplémentaires pour les élèves désireux d'apprendre l'équitation, l'escrime, et la conduite automobile. Une mesure permet aux étudiants de bénéficier du remboursement complet de leur frais d'étude s'ils justifient de cinq années de carrière aux colonies, et après courrier adressé au Directeur de l’École, Georges Hardy, en 1931. De plus, l'entrée à l'Ecole coloniale fait l'objet d'un examen, mis en place à partir de 1896.

Pour ce qui est de la préparation à la magistrature dans les colonies, les cours durent deux ans, contre trois pour les élèves-administrateurs. Les conditions d'admission à cette section particulière de Colo sont également différentes : il faut être âgé de 21 ans au moins, fournir un acte de naissance, un extrait du casier judiciaire, un certificat de bonne vie et de bonnes mœurs (que l'on retrouve aussi pour les élèves-administrateurs), et là aussi un certificat d'aptitude physique. La réussite au concours de la magistrature coloniale fait obtenir aux lauréats l'équivalent de la licence de droit.

Qui sont les professeurs et les évaluateurs de Colo ? Au quotidien, les professeurs sont souvent d'anciens administrateurs coloniaux, qui sont les plus à même d'enseigner à leurs futurs collègues. Mais on a aussi des universitaires, venant faire des interventions, notamment en histoire, en géographie, en ethnologie. L'Ecole coloniale, devenue Ecole nationale de la France d'Outre-mer par arrêté du ministre des Colonies, Louis Rollin (21 décembre 1934), accueille chaque année près d'une cinquantaine d'enseignants. Quatre chaires furent créées : Langues et civilisation indochinoises, Langues et civilisation africaines, Histoire de la colonisation, et enfin Géographie de la France d'Outre-mer. Les élèves de Colo ont pu en apprendre davantage sur les colonies et leur futur métier au contact d'hommes comme Hubert Lyautey, Pierre Pasquier, Jules Brévié, et autres gouverneurs-généraux et résidents-généraux.
Mais, lors des examens de fin d'école, menant donc aux diplômes, voici la composition des jurys : un membre du Conseil de perfectionnement; le directeur de Colo, un sous-directeur du ministère des Colonies, un inspecteur des Colonies, et un examinateur spécial pour chacune des épreuves d'admissibilité.

Quel est le programme des cours pour les élèves-administrateurs ? Ce programme est assez varié et ne repose pas que sur l'apprentissage du métier même d'administrateur ou de magistrat. Il est beaucoup plus large.
Toute une partie de l'enseignement est basée sur l'Histoire de la colonisation française, depuis le Moyen-Âge jusqu'aux années 1920.
Ensuite, une longue partie de l'enseignement est basée sur la Géographie générale : « la Terre dans l'univers » ; « le globe terrestre dans son état actuel », « l'élément solide », « l'élément liquide », « l'élément gazeux », « les eaux courantes », « les côtes » ; « les minéraux », « les modifications actuelles de la Terre ». Toute une section est consacrée à l'homme : « la population actuelle du globe », « l'homme et la nature ». Une autre section porte sur les grands traits de la géographie économique du globe : « les produits alimentaires », « les textiles », « les combustibles », « les minéraux précieux et les minéraux utiles », « le monde économique actuel ».
Puis, une nouvelle partie porte sur la Géologie : « la Terre », « les temps géologiques ».
Puis, c'est l'Anatomie qui est au programme : « appareil végétatif », « physiologie de la nutrition », « principaux types d'organisation dans le règne végétal » .
Enfin, une dernière partie de l'enseignement est réservée à l'étude de l'Anatomie et de la Physiologie animales et humaines : « squelette humain », « muscles », « système nerveux », « organes des sens », « digestion », « circulation », « absorption », « respiration ». Pour les animaux, on étudie le « type protozoaire », et les « traits fondamentaux des Vertébrés ».
Un mémoire d'étude vient compléter ces cours, mémoire encouragé par Robert Delavignette, directeur de l'Ecole, tout comme les sorties pédagogiques, et les stages en situation coloniale. Pour lui, rien de mieux que le terrain pour apprendre le métier.

Pour les élèves du concours de la magistrature coloniale, le programme est le même, sauf en Histoire, où deux parties sont délivrées : une partie traite de l'Histoire coloniale mondiale jusqu'en 1815, et la seconde de 1815 à nos jours (1931 donc). Dans la première partie sont abordées les colonisations ancienne, portugaise, espagnole, hollandaise, française, anglaise, les autres colonisations étrangères. Dans la seconde partie, on reprend l'étude des colonisations française, anglaise, hollandaise, portugaise, espagnole, et on ajoute les colonisations russe, belge, allemande, italienne, étasunienne et japonaise.

On a donc un programme riche et varié, et qui est donc ouvert à tout ce que l'administrateur colonial, ou le magistrat en terre d'Empire, peuvent côtoyer au quotidien.

Qui furent les directeurs de  Colo ? L’École coloniale (ayant formé plus de 4500 administrateurs, inspecteurs du travail et magistrats au total) fut dirigée par des hommes de valeur, qui eurent, pour certains, des carrières aux colonies. Le premier directeur fut Paul Dislère. Il avait le poste de président du Conseil d'administration de l’École coloniale jusqu'en 1928. Il a permis l'ouverture d'une section africaine dans cette école, alors que celle-ci était d'abord, en 1889, dirigée vers la formation pour l'Indochine (l’École coloniale succède à l’École cambodgienne, comme expliquée dans le lien fourni). Cette section africaine ouvre ses portes en 1892. Dislère obtint également le monopole de la formation des administrateurs coloniaux au sein de Colo. En 1914, c'est la section nord-africaine qui ouvre au sein de Colo (section supprimée en 1948).
En 1926, et cela jusqu'en 1933, c'est Georges Hardy qui succède à Paul Dislère. Hardy était aux colonies, où il occupait, notamment, le poste de Directeur de l'Enseignement de l'Afrique occidentale française. Deux éléments marquent sa présidence à la tête de Colo : d'abord la gratuité donnée, par allocations, aux élèves ; et l'instauration de classes préparatoires avant l'entrée à Colo et le passage de son concours (ces classes préparatoires furent ouvertes dans les grands établissements scolaires parisiens comme le lycée Henri IV, puis elles furent étendues à cinq villes régionales).
A la suite de Georges Hardy, c'est Henri Gourdon qui prit la tête de Colo, entre 1933 et 1937.
A la suite d'Henri Gourdon, c'est Robert Delavignette. C'est le seul des directeurs à avoir exercé le métier d'administrateur des colonies, et donc connaissait très bien le métier. Dès le début il instaura, pour les élèves, un stage outre-mer, d'une durée de huit mois, en cours d'étude, mais que tous ne purent suivre (ce stage fut aussi une possibilité pour Robert Delavignette d'envoyer une soixantaine d'élèves-administrateurs alsaciens à l'abri aux colonies, afin qu'ils évitent l'incorporation dans la Wehrmacht ; on est alors en pleine Seconde Guerre mondiale). Il eut également le mérite de faire fonctionner l'école assez normalement lors du Paris occupé.
Les derniers directeurs de l’École furent Paul Mus, de 1946 à 1950, et Paul Bouteille jusqu'à la fin en 1959. En 1950, le stage de huit mois fut remis sur pied.
François Luchaire eut pour mission, en 1960, de diriger la transition entre l'ENFOM et le nouvel Institut des Hautes Études d'Outre-mer, qui succéda à Colo.

De quels horizons sont issus les élèves de Colo ? La majorité des élèves de Colo sont des hommes métropolitains. Quelques élèves viennent d'Outre-mer, et ils sont très peu nombreux à venir des colonies. Les élèves viennent de partout en France, mais une part plus importante est issue des régions Île-de-France, Rhône-Alpes, Bretagne, Aquitaine, Midi-Pyrénées. Une plus petite partie vient des régions Auvergne, Corse, Alsace ou Lorraine, alors très représentées dans la sociologie des colons métropolitains aux colonies, dans la fonction privée. Une bonne partie des élèves était issue de familles de fonctionnaires, de commerçants. On comptait aussi des fils de militaires (ils étaient assez nombreux à Colo au début du XXème siècle). Puis, à la fin de la période, on encourage la formation des futurs élites africaines et malgaches (la section indochinoise de l'ENFOM n'existe plus, toute comme celle d'Afrique du Nord, passée sous la direction de l'ENA). Il faut faire la transition vers les indépendances, et accueillir ceux qui seront les dirigeants et présidents africains de demain. Un décret de 1957 vient expliquer cela, disant que près de 70% des élèves de l'ENFOM devaient venir des colonies.

Terminons par l'étude des examens en eux-mêmes : comment sont évalués les élèves de Colo ?
Pour évaluer les candidats à l'administration coloniale, plusieurs épreuves écrites d'admissibilité sont organisées : une composition française prise dans le programme des auteurs et leurs œuvres à connaître, dont le programme est fixé chaque année (pour l'année 1932, les élèves doivent lire Marius-Ary Leblond, Voltaire, Flaubert, Victor Hugo, Defoe, Kipling, Wells, Stevenson, André, Loiseau). Les élèves sont également interrogés sur une composition d'histoire de la colonisation française, une composition de géographie générale. En 1939, une nouvelle matière apparaît au programme des examens : Morale et sociologie. En 1951, le directeur de l'Ecole (Paul Bouteille) rajoute une nouvelle épreuve, s'inspirant de la formation des administrateurs britanniques : interrogation de culture générale. L'objectif n'est pas tant de savoir si l'élève possède des connaissances, mais davantage de voir et d'étudier sa personnalité, voir si elle est faite pour les colonies.
Pour compléter les épreuves écrites, des épreuves orales d'admission sont également organisées : explications en Français et sur les auteurs cités précédemment, explication d'un texte anglais ou allemand, interrogation sur l'histoire de la colonisation française, des interrogations de géographie générale, des interrogations sur la géologie, sur l'anatomie et la physiologie végétales, sur l'anatomie et la physiologie animales. Plus tard, à la fin de la période, on met l'accent sur les langues, celles que l'administrateur devra connaître quelque peu en situation coloniale.
Les épreuves écrites d'admissibilité, pour plus de commodités, ne sont pas organisées qu'à Colo, 2, rue de l'Observatoire à Paris. Elles se déroulent aussi au Havre, à Nantes, Bordeaux, Marseille et dans d'autres villes désignées par arrêté ministériel. Les épreuves orales ont lieu, quant à elles, à Colo à Paris.

Pour les élèves de la section spéciale de la magistrature coloniale, les épreuves sont quelque peu différentes. Les épreuves écrites d'admissibilité portent sur le droit civil, le droit commercial terrestre et maritime, l'économie politique générale. Les épreuves orales d'admission portent sur les mêmes matières, ajoutés à cela le Code pénal, l'histoire de la colonisation française et étrangère, la géographie des colonies françaises.

On le voit donc, les élèves-administrateurs ont une formation très complète, afin d'avoir le plus de connaissances possibles une fois sur le terrain. Leur formation de trois ans une fois accomplie, c'est souvent la découverte de nouveaux paysages, coutumes, traditions qu'ils rencontrent, où il faudra adapter la théorie à la pratique réelle de la fonction d'administrateur colonial : administrer dans les colonies, c'est aussi rendre la Justice, percevoir l'impôt, entretenir de bonnes relations avec les chefferies locales : c'est donc la figure répandue du « broussard ». L’École coloniale était donc une véritable école professionnelle où le savoir était transmis par d'anciens administrateurs coloniaux, forts de leur expérience.

Enfin, il faut savoir que les élèves-administrateurs portaient un uniforme, lors des cérémonies. Cet uniforme est semblable à celui porté par les administrateurs coloniaux : bleu nuit. Les élèves-administrateurs portent la casquette, mais sans les broderies, seulement avec le macaron à croissant et ancre, symbole de l'administration coloniale. Cette tenue est notamment portée lors du traditionnel baptême des promotions, instauré dès 1935. Lors de cette cérémonie, les majors de promotion se transmettent le drapeau de l'ENFOM en faisant un serment : "Nous faisons le serment de consacrer notre vie au service de l'Empire pour la grandeur de la France et le développement de la civilisation". Chaque promotion prend, comme il se doit, le nom d'un parrain. Souvent on choisit un nom prestigieux lié à la colonisation, comme Savorgnan de Brazza, Marchand, Binger.

Sur ce lien, vous trouverez quelques photos, passée et présente, du bâtiment de l’École coloniale :
http://paris1900.lartnouveau.com/paris06/lieux/ecole_nationale_administration.htm  

Sources : sous la direction de MORLAT Pierre : Les grands commis de l'Empire colonial français ; Les Indes savantes ; Paris ; 2010.
              Programme des conditions d'admission à l’École coloniale ; Libraire Vuibert ; Paris ; 1931.
              Enders Armelle. L'école nationale de la France d'Outre-mer et la formation des administrateurs coloniaux. In: Revue d'histoire moderne et contemporaine, tome 40 N°2, Avril-juin 1993. pp. 272-288.



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